Direction la corne de l’Afrique dans ce reportage de l’émission d’Arte Invitation au voyage. Depuis plus d’un siècle, un train traverse les étendues arides de l’est Éthiopien. Initialement, cette ligne reliait Djibouti et la mer Rouge aux hauts plateaux abyssins et à la capitale de l’Éthiopie, Addis Abeba. Le train accomplissait ainsi un périple qui démarre à 6 mètres au-dessus de la mer et s’achève à plus de 2400 m d’altitude. A Addis Abeba, le quartier Le Ghar – un nom qui vient de la « gare » française »- entretient le souvenir de son âge d’or
ferroviaire. Sa belle gare a été mise en service en 1929.
Autour, le quartier qui logeait les cheminots de la compagnie ferroviaire est toujours habité. Il n’est pas rare d’y croiser d’anciens employés qui parlent encore un français impeccable et qui pointent avec talent sur les terrains de pétanque.
Cet héritage français est directement lié à la genèse de la ligne. Unique pays d’Afrique à être toujours resté indépendant, l’Éthiopie a fait du train une priorité pour se moderniser et permettre son développement économique. L’Empereur Ménélik II se méfie des grandes puissances européennes, qui ont la fâcheuse habitude de coloniser les pays qu’elles visitent. En 1893, il choisit de se tourner vers l’ingénieur Alfred Ilg, un citoyen suisse qu’il connait bien puisqu’il est son conseiller depuis de nombreuses années.
Il lui confie la construction d’un chemin de fer qui reliera Djibouti à sa capitale. La Confédération helvétique n’entretenant pas de visées colonialistes, Alfred Ilg semble être l’homme de la situation. Mais, afin de bénéficier d’un accès à la mer Rouge, l’Éthiopie doit forcément s’entendre avec une puissance coloniale européenne. L’Italie occupe alors l’Erythrée, la France s’est installée à Djibouti et la Grande-Bretagne domine le Somaliland. Considérée moins dangereuse par le Négus, la France est choisie.
En 1894 la décision est prise et, en accord avec les autorités françaises, Addis-Abeba, la toute nouvelle ville fondée par l’empereur, est reliée à Djibouti par une voie ferrée. La Compagnie impériale du chemin de fer éthiopien est créée et le français est adopté dans la formation des cheminots, comme dans l’exploitation.