Depuis deux semaines, l’affaire des “trains trop larges” défraie la chronique en Espagne. En 2020, Renfe a commandé 31 trains pour les réseaux périurbains des régions de Cantabrie et des Asturies au constructeur CAF… et lui a fourni des instructions qui rendaient impossible le passage des wagons dans certains tunnels. Depuis la révélation de l’incident, les accusations de négligence et d’incompétence pleuvent. Les gouvernements locaux laissent exploser publiquement leur colère, exigeant une solution rapide et des démissions.
L’affaire aurait pu se limiter à un simple cafouillage car le problème a été identifié rapidement et aucun train n’a été construit. Le ministère des Transports assure que ce contretemps n’entraînera pas de surcoût pour cette opération à 248 millions d’euros. Mais la mauvaise gestion de l’incident retardera la livraison, prévue pour 2024, d’au moins deux ans, sur des lignes qui en ont particulièrement besoin. Le tout, à l’approche des élections régionales.
Quand Renfe a lancé l’appel d’offres pour ces trains, en 2019, les instructions adressées aux candidats se limitaient à indiquer les gabarits déterminés par la norme en vigueur. Les règles qui régissent les dimensions du matériel roulant en Espagne ont été édictées en 2015 par l’Agence nationale de sécurité ferroviaire (AESF). Mais une rame fabriquée selon ces standards aurait le toit trop large pour passer sous les voûtes de certains tunnels de Cantabrie et des Asturies, percés à la fin du XIXe s, particulièrement bas et étroits. L’entreprise basque CAF a décroché le contrat, en 2020, pour 196 millions d’euros. C’est elle en premier qui aurait signalé le problème, en mars 2021.