Dans ce reportage inédit de l’émission d’Arte Invitation au voyage, nous empruntons la ligne de la Côte bleue. A l’ouest de Marseille, elle offre un voyage à travers les calanques, un trajet d’un peu plus de 30 km effectué en 1h15. Pas moins de 18 viaducs et 23 tunnels se succèdent pour franchir le relief accidenté de la côte qui s’étend de l’Estaque à la Couronne. La ligne de Miramas à l’Estaque, dont la construction a été supervisée par l’ingénieur du PLM Paul Séjourné, s’acheva en 1915 après plus de huit ans de travaux. Les voies sont littéralement accrochées au massif de l’Estaque, un relief qui protège la côte des violences du mistral.
Parcourir la ligne permet de se rendre compte du tour de force que représentait sa construction. En l’absence de plaine littorale, les ingénieurs n’avaient pas d’autre choix que d’accrocher la ligne de chemin de fer au flanc de la chaîne de l’Estaque. Le budget est imposant : 78 millions de francs or.
Ce chantier exceptionnel mobilise jusqu’à cinq mille cheminots. Ces anciens paysans pauvres reconvertis prennent tous les risques pour construire cette infrastructure complexe. C’est par la mer ou à pied que les matériaux de construction sont acheminés. Les ouvriers travaillent 12 heures par jour dans le plus grand dénuement. Parmi les ouvrages d’art de la ligne, le pont tournant de Caronte est célèbre. Les travaux débutent en 1908 et ne seront achevés qu’en 1915. Les piles en maçonneries ont été réalisées par des ouvriers travaillant dans des caissons immergés à une vingtaine de mètres sous l’eau. Au contact de l’air, la vase a relâché des gaz toxiques, provoquant des mouvements de grèves de la part des ouvriers « tubistes ».
Bientôt, ils se révoltent. Une antenne de la CGT est officiellement créée. La grève est lancée. Georges Clémenceau, le ministre de l’Intérieur de l’époque, entend mâter les cheminots sur lesquels s’abat, en 1911, une répression féroce. Mais, les travailleurs tiennent et le syndicalisme s’établit définitivement dans la région. Miramas devient Miramas la rouge et reste aujourd’hui un foyer des luttes ouvrières.
Mercredi 11 décembre à 17 h 20 sur Arte. Invitation au voyage – En Provence, le train bleu des luttes et de l’évasion ARTE France, Éléphant Doc. (2024)