Description
3523
12juin 2015
HEBDOMADAIRE
FRANCE 2,50
SUISSE 4,80 FS
www.laviedurail.com
Mondialisation
Le retour de
l’Airbus ferroviaire
Quand Édouard Baer
prend le Transilien
de la victoire
La Vie du Rail
– 12 juin 2015
À la une…
En couverture
Construction d’un pont provisoire
par des soldats américains (photo extraite
du livre «Les Trains de la victoire»).
Projecteur
Mondialisation. Retour en force
de l’Airbus du ferroviaire
Actualités
Campagne de pub. Quand Édouard Baer
prend le Transilien
Trois questions à Pierre Cardo,
président de l’Autorité de régulation
des activités ferroviaires
p. 10
Île-de-France. Nouvel obstacle sur
la voie de CDG Express
p. 12
Bretagne. Lorient pose la première pierre
de son pôle d’échanges multimodal
p. 14
Midi-Pyrénées0. Une nouvelle gare
pour 2030 à Toulouse
p. 15
Transmanche. Eurotunnel rompt
officiellement avec la Scop SeaFrance
p. 16
Équateur. Livraison du premier Citadis
de Cuenca
p. 17
Bonnes feuilles
Les trains de la victoire. Le rôle du chemin de fer
dans la libération de la France – 1944-1945
Les programmes télé,
Dialogue
La vie des associations
Éducation. Parer les coups durs
et préparer l’avenir
Jeux, Petites annonces,
Agenda
sommaire
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13, rue d’Amsterdam – Gare Saint-Lazare – Paris VIII
Exposition. Lucie Page ou
l’esthétique du trajet pendulaire
(p.30)
Événement. Un mois de juin en
musique avec le train de la Rhune
(p.32)
30000 votants, 3 lauréats, 1 palmarès.
Enfants de poussière, Rouge Karma
et Carjack, Prix Polar SNCF 2015
(p.35)
Le mystère du 8h04. La fille
du train mène l’enquête
(p.36)
Culture rail
Photo de couverture:© DITE/USIS
Métro de Paris. Lancement
du prolongement de la ligne 11.
Les travaux préparatoires
du prolongement de la ligne 11
du métro ont été lancés le 1
juin
à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-
Denis) : un puits au milieu des
barres d’immeubles, là où sera
construite l’une des six nouvelles
stations. De quoi entamer le
prolongement à l’est sur 5,4 km
et l’aménagement de stations
existantes. Un chantier de 5 à
7 ans et un budget de 1,3 milliard
d’euros, financé par la région,
l’État, la Société du Grand Paris,
le conseil départemental, la Ville
de Paris et la RATP.
Groupe SNCF. iDBus sans
frontières.
Trois liaisons
nouvelles au départ de Paris vers
Marseille et Nice dans le sud
de la France mais aussi Genève
en Suisse: iDBus ne s’arrête pas
là. Ses bus à haut niveau
de service qui relient désormais
Marseille à Barcelone desservent
également Anvers et Rotterdam
sur la ligne Paris – Amsterdam.
Vol de cuivre. Pris sur le fait.
À Nancy, la Suge a interpellé
en flagrant délit le 1
juin dernier
des individus tentant de faire
main basse sur 360kg de câbles
interposés dans un hangar.
Placés en garde à vue, les deux
jeunes hommes vivant en
caravane devraient comparaître
devant le tribunal correctionnel
de Nancy en octobre.
PLACE AUX ÉTOILES
Fabienne fait
de la résistance
«Ainsi les Alsaciens seront “mis
sur la route” plutôt que de rester
dans un train. On privilégierait
un mode de transport plus
émetteur de gaz à effet de serre
et plus accidentogène?»
Fabienne Keller, la sénatrice
(UMP) du Bas-Rhin, réagit
dans un communiqué aux
préconisations du rapport Duron
concernant l’Alsace, en
particulier la disparition de deux
trains de nuit – le Luxembourg –
Strasbourg vers Nice et le
Luxembourg – Strasbourg vers
Cerbères – Port-Bou. Elle ajoute:
«Si le professeur Crozet,
l’économiste d’un rapport sur la
dérive des coûts des Intercités,
évoque une augmentation
des coûts de 5,3% par an depuis
neuf ans, cette augmentation
est surtout due au niveau élevé
des coûts d’exploitation et non
à un manque de voyageurs.»
L’ANECDOTE
Des moutons pour tondre
Les moutons plus efficaces que les hommes? La RATP a décidé de miser pour
la première fois sur ces animaux pour tondre les talus de la gare RERB d’Orsay.
Deux moutons, une chèvre et ses deux petits ont été lâchés sur un talus de
3800m
bordant les voies de chemin de fer.
Pour l’anniversaire de l’offre TGV Bruxelles,
SNCF et SNCB proposaient en juin 5000
billets Prem’s à moins 20%.
À SUIVRE
les observateurs. Bombardier
n’est pas à vendre? Alstom se
porte comme un charme? De
bons connaisseurs du secteur
pensent pourtant que la conso-
lidation du ferroviaire va s’ac-
célérer. Et que les deux
constructeurs sont fragiles.
La fusion en cours des deux
chinois CNR et CSR change la
donne dans le transport ferro-
viaire. Le nouveau géant devrait
peser quatre ou cinq fois plus
que son suivant. Et il a de l’ap-
pétit. Selon un spécialiste,
« les
Chinois ont besoin d’acquérir
deux grandes familles de techno-
logies, dans lesquelles ils ne sont
pas au top niveau. Les systèmes
d’exploitation des trains à grande
vitesse. Les métros automatiques
et les systèmes à fort cadence-
ment »
. Or, ils ont changé de
politique pour l’acquisition des
techniques; fin des joint-ven-
tures avec transfert de techno-
logie, place aux acquisitions.
Dans cette approche, le mar-
ché européen est doublement
intéressant. Acheter une grande
entreprise européenne, c’est ac-
quérir les meilleures technolo-
gies et s’ouvrir les portes d’un
énorme marché. D’où leur in-
térêt récent pour les deux fi-
liales ferroviaires de Finmecca-
nica, AnsaldoBreda et Ansaldo
STS. Hitachi leur a finalement
été préféré. Le Japonais aurait
apporté de meilleures garanties
en matière sociale.
Après cette occasion manquée,
Alstom, Bombardier ou Sie-
mens pourraient-ils être des
proies? Bombardier, à coup
sûr, même si les pourparlers ne
sont pas allés jusqu’au bout.
Alstom a beau prétendre
La Vie du Rail
– 12 juin 2015
Regroupant GEC-Alsthom et Siemens, la joint-venture Eurotrain a pré-
senté en 1998 un démonstrateur pour l’appel d’offres de Taïwan, dont
les deux motrices d’ICE 2 encadraient des voitures de TGV Duplex.
Pour le MF 01 (ex. MF 2000),
la RATP a lancé un appel
d’offres par lots, remporté par
Areva TA, Bombardier, Alstom
et Ansaldo STS.
© Christophe RECOURA – PHOTORAIL
« stand alone »
, le groupe a des
fragilités. Patrick Kron a cité
d’excellents chiffres. Un chiffre
d’affaires en hausse de 8 %, un
résultat opérationnel en pro-
gression de 20 %, niveau record
de commandes à 10 milliards.
Mais l’alliance russe avec TMH,
du fait de la crise extrêmement
grave en Russie, se traduit cette
année par une dépréciation
d’actifs de 100 millions d’euros.
Et le contexte géopolitique ne
va pas du tout dans le sens du
partenariat avec les Russes. Au-
tres fragilités: des actions pour
corruption sont toujours en
cours au Royaume-Uni et au
Brésil. Enfin, l’atonie du mar-
ché français n’aide pas le
constructeur.
Reste Siemens, dont l’activité
transport est adossée à un
groupe de 80 milliards d’euros.
Le groupe, lui aussi en difficulté,
procède à de lourdes restructu-
rations, et a annoncé, le 7 mai,
4500 suppressions d’emplois
dans le monde s’ajoutant à
7800 suppressions décidées
l’an dernier. Mais Joe Kaeser, le
PDG de Siemens, après l’échec
de son offre rivale à celle de Ge-
neral Electric, est revenu à la
charge en mars, en proposant,
face aux menaces d’une indus-
trie asiatique conquérante, une
alliance avec Alstom Transport.
D’autres mariages peuvent être
envisagés. Mais selon les ob-
servateurs, le célibat d’Alstom
n’est pas voué à un grand ave-
nir. On voit revenir le thème
d’un Airbus du ferroviaire. Une
tribune en ce sens a été publiée
par
Les Échos
, le 5 mai. Signée
par des élus socialistes et EELV
(Olivier Faure, Rémi Pauvros,
Philippe Duron, Gilles Savary,
Pierre Serne et Jean-Yves Petit),
elle renoue avec un thème
jusqu’à présent incantatoire.
Les élus, se fondant sur le
« be-
soin pressant d’une nouvelle offre
de RER et de réseaux régionaux
denses »
, soulignent la nécessité
de construire un géant euro-
péen du ferroviaire. Ils appel-
lent donc les pouvoirs publics à
« œuvrer pour un rapprochement
d’Alstom et de Siemens »
Quelque chose est en train de
changer. Le vœu d’un « Airbus
du rail » était porté par les
seuls politiques et s’incarnait
dans la figure du train à grande
vitesse. Il se fonde maintenant
sur les vrais besoins du
mass
transit
et il est maintenant sou-
tenu aussi par un industriel,
Siemens, qui a saisi l’impor-
tance historique du chambar-
dement en cours. Un des ex-
perts que nous avons interrogés
nous dit pour souligner l’ur-
gence:
« La mondialisation est
tardive dans le ferroviaire. Mais
en arrivant tardivement, elle s’an-
nonce d’autant plus violente. »
un autre voit dans le fait que le
mouvement est initié par la fu-
sion des chinois CNR et CSR
« un désavantage, mais peut-être
un avantage au fond; ils créent
un tel déséquilibre que la Com-
mission européenne ne va plus
pouvoir fermer les yeux »
. Une
Commission aujourd’hui
molle, axée sur les questions de
la concurrence et des droits du
consommateur, mais dont la
stratégie industrielle est inexis-
tante ou illisible. Va-t-elle se ré-
veiller?
François DUMONT
La Vie du Rail
– 12 juin 2015
« La mondialisation est tardive
dans le ferroviaire. Mais en arrivant
tardivement, elle s’annonce d’autant
plus violente. »
Ci-dessus à gauche : Fournies par Bombardier, les caisses du MF 01 ont été aménagées par Alstom.
À droite : Le MI 09 est largement inspiré du MI 2N, des mêmes constructeurs.
PROJECTEUR
© Alstom Transport
La Vie du Rail
– 12 juin 2015
I
ls font quoi les banlieusards
dans leurs transports? Pen-
dant les quelque 96 minutes
quotidiennes qu’ils y passent
(en moyenne) chaque jour?
C’est ce que se demande le co-
médien Édouard Baer en les
observant à bord d’un train
dans la nouvelle campagne que
diffusent actuellement Transi-
lien et le Syndicat des trans-
ports d’Île-de-France. Une
campagne sur YouTube, mais
aussi sur le site dédié letemps-
duntrajet.com et qui s’affiche
enfin en quatre visuels diffé-
rents dans tous les trains
jusqu’au 30juin.
Certes, l’opérateur et le Stif ne
pensent même pas à le nier, il
arrive qu’aux heures de pointe,
ils se contentent plutôt d’être
tassés comme des sardines.
Mais le reste du temps? Et
bien, c’est simple, le reste du
temps, on ne nous le cache pas,
ils
« en profitent »
. Ceci selon
une étude réalisée à cette occa-
sion pour Transilien par GMV,
un cabinet conseil spécialisé
dans les enquêtes marketing,
auprès d’un millier de per-
sonnes. On pourrait même les
classer, comme ça se fait beau-
coup, en grandes
« tribus »
. Se-
lon les activités qu’ils pratiquent
pendant ce
« temps utile »
leurs déplacements tous modes
de transport confondus entre
leur domicile et leur travail ou
leur lieu d’études ou d’appren-
tissage.
Évidemment, il faut enlever
tout de suite de là
« les accros
de la voiture »
qui
« représentent
16% de la population étudiée. »
Ceux-là, rien à faire pour les
convaincre de mettre à profit
« ces moments à soi »
« pour
soi », « ces moments hors
temps »,
de décom-
pression
« le soir avant de rentrer
chez soi »
Et puis il y a
« les optimisateurs »
(10%). Des petits malins qui,
« s’ils utilisent la voiture, cher-
chent avant tout un trajet simple
et rapide qui leur permet d’orga-
niser leur journée et de travail-
ler »
. Bien sûr on ne saurait le
leur reprocher: ils
« en profi-
tent »
pour travailler le plus
possible. Mais parmi les autres
on est content d’apprendre qu’il
y a
« les ludiques »
(13%). Ce
sont ceux qui en profitent pour
« écouter de la musique, jouer
(jeux électroniques ou de ré-
flexion) »
. On trouve là, c’est
sûr, les gourmands de parties
de Candy Crush, les fans de
Sudoku et autres bons vieux
mots fléchés ou croisés.
Et puis il y a
« les connectés »
(9%) qui profitent du réseau
ferré pour
« garder le contact
avec leur réseau d’amis et leur fa-
mille »
Quant à ceux qu’on range dans
la catégorie pratique et disons
fourre-tout des
« contemplatifs »
(18%), ce sont tout simple-
ment ceux
« qui profitent de leur
ACTUALITÉS
Édouard Baer, voyageur de charme de la campagne de pub du Transilien.
Les utilisateurs
des trains de banlieue
sont-ils des lecteurs,
des rêveurs, des
joueurs? Pour SNCF
Transilien et le Stif
Édouard Baer
s’interroge. Une
campagne sur le Net
et dans les trains.
Campagne de pub.
Quand Édouard Ba
Jouer.
Lire.
Rêver.
© Being pour SNCF
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www.photorail.fr/141vapeur
Locomotive à vapeur, 141 R 1126, à Rivesaltes, Pyrénées-Orientales, Languedoc-Roussillon, en septembre2004.
© Guillaume POURAGEAUX/PHOTORAIL
La Vie du Rail
– 12 juin 2015