Obstacle difficile à franchir jadis, les Alpes n’ont été « vaincues » qu’au moyen d’ouvrages d’art souvent très spectaculaires. Elles offrent de ce fait un écrin idéal au chemin de fer, qui emprunte pour les traverser des lignes petites ou grandes devenues mythiques. Jean Tricoire, familier de ces contrées, vous invite à les parcourir, tout particulièrement celles de deux pays qui occupent une place charnière au coeur du massif alpin : la Suisse et l’Autriche.
Vaste ensemble en arc de cercle s’étirant sur 1 200 km de long en France, en Italie, en Suisse, au Liechtenstein, en Allemagne, en Autriche et en Slovénie, les Alpes séparent l’Europe du Nord de celle du Sud. Pendant des siècles, elles ont été une barrière quasiinfranchisable. Mais l’histoire va changer au XIXe siècle avec la multiplication des routes carrossables, tracées afin de relier les vallées entre elles en franchissant les nombreux cols du massif Montgenèvre, Mont-Cenis, Simplon, San Bernardino, Arlberg, Gothard, Albula, Bernina, Brenner, Tauern, Semmering, Tende. Mais ces itinéraires sont des passages difficiles et dangereux, ce qui rend les voyages très éprouvants et les échanges commerciaux malaisés. La révolution industrielle de la seconde moitié du siècle tend à accroître les flux de voyageurs et de marchandises à travers toute l’Europe : les Alpes apparaissent donc, encore plus qu’auparavant, comme une barrière dont il faut absolument faciliter le franchissement. Le chemin de fer va apporter la réponse tant attendue à cet immense défi ; les banques et les grands industriels ne vont d’ailleurs pas s’y tromper en s’engageant à fond dans l’aventure. L’objectif majeur est de relier les ports de la mer du Nord, de la Méditerranée et de l’Adriatique aux nombreux foyers de peuplement, de commerce et d’industrie du continent. Mais la tâche est immense et les crédits à trouver gigantesques.
Seules la clairvoyance et l’audace de certains « décideurs » vont permettre la mise au point et la réussite des projets. La première ouverture d’une grande percée ferroviaire alpine a lieu dès 1854, avec la ligne du Semmering en Autriche-Hongrie. Elle est suivie, en 1867, par celle du Brenner, alors elle aussi intégralement située sur le territoire autrichien. Puis, au cours des ans, les mises en service de lignes s’enchaînent, celles : • de la Maurienne, via le tunnel du Fréjus (Mont-Cenis) entre la France et l’Italie en 1871 ; • du Gothard en Suisse en 1882 ; • du Simplon entre la Suisse et l’Italie en 1906 ; • des Tauern en Autriche en 1909 ; • du Lötschberg en Suisse en 1913. Ces traversées alpines, si elles ont permis un développement sans égal des échanges internationaux, jouent aussi un rôle de désenclavement de nombreuses vallées parfois isolées et repliées sur elles-mêmes. Elles contribuent aussi au bien-être de leur population et au développement de leur agriculture et de leurs industries. Elles ont enfin un rôle essentiel dans le développement du tourisme et des sports d’hiver. Leur construction, dans une géographie et sous un climat souvent très difficiles, et à une époque où les moyens techniques étaient loin d’être ceux d’aujourd’hui, fut à chaque fois une prouesse extraordinaire. Elle ne fut possible qu’en alliant le savoirfaire et la détermination de centaines d’ingénieurs et de techniciens, et aussi de milliers d’ouvriers. Les tracés audacieux et la profusion des ouvrages d’art sont là, encore de nos jours, pour témoigner de leurs prouesses. Les grandes traversées ferroviaires alpines se trouvent en quasi-totalité en Suisse et en Autriche, pays situés au coeur de notre continent et à la charnière entre l’Europe du Nord industrielle et l’Europe du Sud, davantage agricole et ouverte sur l’orient, grâce au canal de Suez.
C’est donc essentiellement dans ces deux petits pays que nous allons vous emmener, dans des paysages grandioses et magnifiques qui sont un véritable écrin pour le chemin de fer, où le génie humain s’est jadis illustré, et s’illustre encore aujourd’hui en Suisse, avec le percement des deux gigantesques tunnels de base doublant la ligne du Lötschberg et celle de Gothard. Mais le chemin de fer dans les Alpes ne se limite pas aux grandes transversales. Saint-Gervais – Vallorcine (France) au pied du Mont-Blanc, Brigue – Zermatt (Suisse) avec le Cervin en point de mire, Brigue – Coire (Suisse) par les cols de la Furka et de l’Oberalp, Coire – Saint-Moritz (Suisse) par la magique ligne de l’Albula, Jenbach – Mayrhofen (Autriche) dans le Tyrol, ces lignes à voie normale ou étroite tracent des itinéraires uniques pour emmener skieurs, randonneurs et touristes au plus près des cimes. Ce livre fait donc aussi la part belle à ces « petites » lignes qui font la grandeur du chemin de fer dans les Alpes, souvent présent là où on ne l’attend pas, à des altitudes parfois insoupçonnables. Jean Tricoire (extrait de la préface)
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