Rediffusion ce jeudi dans l’émission Invitation au voyage d’un court documentaire sur une page méconnue de l’histoire ferroviaire et syndicale : le conflit social de Cerbère opposant en 1918 les transbordeurs aux entreprises de transit.
L’arrivée du chemin de fer à l’aube du XXe siècle à Cerbère a bouleversé la vie dans ce petit village catalan. Mais c’est surtout quand l’Espagne débute la construction de son réseau ferré et qu’elle choisit un autre écartement, que la ville change de statut.
La différence d’écartement entre les deux réseaux oblige le transbordement des convois qui passent la frontière. Des hommes et des femmes découvrent un nouveau métier et deviennent transbordeurs. Les femmes sont massivement embauchées, en particulier pour le transbordement des oranges, un fruit qui fait le bonheur des exportations espagnoles et des papilles françaises et européennes.
Travail saisonnier particulièrement éreintant, le transbordement des oranges est une activité mal rémunérée et où la pression est maximale. Les transitaires pensent alors que les femmes seront plus facilement corvéables… Ces chefs d’entreprises se sont trompés.
Les transbordeuses de Cerbère décident d’arrêter le travail afin d’obtenir des augmentations de salaire et de meilleures conditions de travail. Le blocage est tel qu’elles obtiennent en une seule journée une revalorisation de leur salaire.
Ce premier succès prouve l’importance du rôle joué par ces transbordeuses. Ces femmes s’organisent et créent ainsi un syndicat exclusivement féminin, très vite affilié à la CGT. Bientôt, les transitaires réagissent en embauchant de nouveaux travailleurs non syndiqués. Près de 200 femmes en colère investissent alors la gare.
S. D.
Jeudi 23 octobre à 18 h 05 sur Arte : Invitation au voyage – À Cerbère, les oranges ont le goût de la révolte.
Arte France, Éléphant Doc (2024).