Les toutes premières Pacific ont été construites aux États-Unis. La première est apparue dès 1892 sur le Chicago-Milwaukee. C’est en France, dès le mois de juillet 1907, que la toute première Pacific d’Europe a été produite. Préparée en 1906 par la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans, elle était destinée à pallier l’insuffisance des machines de génération antérieure dévolues au service des rapides et express – et tout particulièrement les Atlantic 221 – qui étaient handicapées par des chaudières trop petites. Le succès du prototype fut presque immédiat. Au début de l’année 1911, leur parc atteignait déjà les 230 unités, parmi lesquelles 150 pour le seul réseau d’Orléans.
Dans l’imaginaire de l’époque, la Pacific devint vite la dernière merveille de la technique. Et pour cause. C’était la première locomotive de vitesse dont la puissance aux cylindres égalait, voire dépassait, les 2 000 ch. L’une de ses représentantes allait même acquérir une renommée internationale. Il s’agissait d’une sujette de Sa Majesté, répondant au doux nom de « Mallard », et appartenant à la classe A4 du LNER (London and North Eastern Railway). Ce réseau souhaitait lancer une nouvelle relation rapide entre Londres et Newcastle, qu’il baptisa « Silver Jubilee » en hommage aux 25 ans de règne du roi Georges V. Allait-on faire remorquer ces trains de prestige par de futures locomotives diesel qui pointaient déjà le bout de leur nez ? Les moteurs thermiques n’avaient pas été suffisamment éprouvés et, après moult discussions, il fut donc décidé de construire quatre nouvelles Pacific dérivées de la classe A3.
Ces machines, formant la classe A4, étaient carénées et arboraient une livrée argent, tout comme le nouveau matériel remorqué. De 1936 à 1938, 31 autres exemplaires allaient suivre. Sir Nigel Gresley avait dessiné la classe A4, avec ses grandes roues de 2,03 m de diamètre, pour aller très vite. Le 3 juillet 1938, la 4468 « Mallard », en tête d’une rame de 244 t, atteint la vitesse incroyable de 201,2 km/h entre Little Bytham et Essendine, sur l’East Coast Main Line. Cette machine n’était alors en service que depuis cinq mois ! Ce record mondial de vitesse en traction vapeur ne sera jamais battu.
? Cet article fait parti de La Vie du Rail Magazine n°3394 : https://www.laviedurail.com/magazines-archives/la-vie-du-rail-magazine-mensuel/K3394/