Lorsqu’on descend du train à Saint-Quentin (Aisne), difficile d’imaginer que l’une des portes qui donne sur le quai principal abrite un véritable trésor Art déco : l’ancien buffet des voyageurs, fait de sublimes mosaïques, et oeuvre – comme l’ensemble de la gare _ de l’architecte Urbain Cassan. N’espérez pas y mettre un pied : le buffet de la gare est fermé depuis une vingtaine d’années. Seuls quelques chanceux peuvent le visiter lors de visites exceptionnelles (sur inscription exclusivement). Lorsqu’on y entre, la première impression est de pénétrer dans un lieu qui semble figé dans le temps.
Pourtant, l’endroit est d’une beauté inattendue : un comptoir en béton (matériel largement utilisé par les architectes de la période Art déco), incrusté de poudre d’or, d’opaline et de quartz, des mosaïques murales, un carrelage en céramique… « c’est le travail exceptionnel d’Auguste Labouret, maître verrier de Laon, artisan d’art, », explique Michele, journaliste free-lance qui, avec son complice Jean Triboulloy, a pu visiter et photographier cet endroit secret. En effet, c’est Labouret, qui a été chargé par Urbain Cassan de décorer le buffet de la gare lors de la reconstruction du bâtiment en 1926 (la gare avait été détruite par un incendie cinq ans plus tôt).
Classé à l’inventaire des monuments historiques, le buffet de la gare appartient toujours à la SNCF, qui, pour le moment n’a semble-t-il aucun projet pour ce dernier. La porte de sortie se trouvant sur le quai principal, le buffet ne répond plus aux normes actuelles de sécurité. Qu’il est difficile de concilier beauté et principe de précaution…