Dans les années 50-60, rares sont ceux, en France, qui auraient parié sur le tramway, alors en plein déclin. Jean Fontaine faisait partie de ces visionnaires, et, pour souligner la pertinence de ce mode de transport, il avait entrepris d’immortaliser sur la pellicule les réseaux de tramway de l’époque encore en activité dans les villes de province. C’est un choix de ces photos, pour la plupart inédites, légendées avec minutie, qui est présenté dans cet ouvrage.
Le deuxième volume consacré aux photographies de François Fontaine retrace la vie des tramways durant leurs dernières années d’existence, de la fin des années 40 au début des années 60, dans les villes françaises de province. François Fontaine a rejoint très tôt la docte Afac, l’Association française des amis des chemins de fer. En son sein est née, à la fin des années 40, la « section tramways », sous l’impulsion d’un groupe de jeunes ingénieurs, dont notamment André Artur et Alain Rambaud, et d’amis tels Marcel Andro, Jacques Bazin… Cette section, faut-il le rappeler, n’était pas au goût du jour, l’intérêt pour ce mode de transport étant alors considéré comme marginal ! Ce cercle s’était donné pour mission de visiter et d’immortaliser les réseaux encore en activité, de sauvegarder des véhicules, et surtout de les faire connaître par des publications et études, cela afin d’en prouver la pertinence, et d’éviter leur suppression systématique sur l’autel de la modernité. Il déboucha sur la création en 1957 de l’Amtuir, l’Association du musée des Transports urbains, interurbains et ruraux, et de la Facs, la Fédération des amis des chemins de fer se- condaires. Ses membres furent bien en avance sur leur temps ! Seules trois agglomérations françaises conservèrent un réseau au cours de la décennie soixante : Lille-Roubaix- Tourcoing, Marseille et SaintÉtienne. Mais 22 villes y sont depuis revenues, avec des tramways modernes, adaptés aux cités en pleine croissance, dont la première fut Nantes en 1985 ! Ce fut pour ces personnes une source de joie immense, liée à la justesse de leur vision du paysage urbain, contre l’obscurantisme des décideurs du moment. De cette époque, François Fontaine nous offre des clichés pris au quotidien, autour de ces sympathiques véhicules, surpris au détour d’une place, d’une rue étroite, ou dans la périphérie encore très rurale de grandes villes, avec des atmosphères touchantes, car pleines d’humanité.
C’est bien en ce domaine que se situe la richesse des clichés. La scène présentée avec cette préface traduit bien l’esprit du photographe : sur le Lyon – Vaugneray, par une douce lumière d’une journée de fin d’été 1954, à l’ombre de la station des Massues, se trouvent la gérante et deux garçonnets, alors que la motrice marque l’arrêt ; le wattman attend la fermeture des portes, effectuée par le receveur. Pour faire le choix de ces documents rares, et surtout pour apporter les informations indispensables à la rédaction des légendes, l’auteur de ces lignes a fait appel à Élie Mandrillon. Attaché à ce mode de transport, tout autant qu’aux chemins de fer d’intérêt local, il a réalisé ce travail avec la précision qui s’imposait, en respectant l’esprit du photographe. Qu’il en soit chaleureusement remercié, tout comme Henri Dupuis, fin connaisseur des tramways, pour son aide précieuse. Que ce livre rende un très sincère hommage à Simone Fontaine qui, tout au cours de l’an passé, a consacré beaucoup de son temps à l’auteur de cette présentation, en apportant mille et une précisions sur la vie de son mari, disparu en juillet 2013. Sa grande joie fut celle de voir sortir en juin dernier Atmosphères ferroviaires, l’ouvrage regroupant les photographies du réseau national. Alors que Les Tramways d’hier en France sort tout juste, Simone a rejoint François pour l’éternité promise aux hommes et femmes de bonne volonté. Puissent Laurent et Valérie, leurs enfants, et leurs si chers petits-enfants, Nicolas, Éléonore, Camille, Matthieu et Thomas, être assurés de la sympathie des amateurs du monde ferroviaire pour le témoignage de leur père et grand-père. Le troisième volume, consacré aux chemins de fer secondaires, est prévu en 2016 ; il sera le dernier volet de ce triptyque constitué de plus de 900 images, pour la plupart inédites, en raison de la modestie de François Fontaine, à la personnalité aussi riche que discrète.
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