Le 16 mars dernier, le réseau de Fribourg-en-Brisgau a inauguré une nouvelle ligne afin d’alléger une artère principale arrivant depuis un certain temps à saturation. C’est le plus grand projet mené par la Freiburger Verkehrs AG depuis 1973. L’occasion de nous intéresser à ce réseau, à son matériel en pleine mutation, qui font de Fribourg un exemple à suivre en termes de mobilité…
Implanté géographiquement dans le Land de Bade-Wurtemberg, Fribourg est situé dans la vallée rhénane à 25 km du fleuve faisant frontière entre la France et l’Allemagne. Fribourg est niché au pied des premiers reliefs de la Forêt-Noire et ceux, au sud-ouest, du Kaisersthul. La ville n’a cessé de se développer au fil des ans pour devenir la quatrième plus grande ville du Land après Stuttgart, Mannheim et Karlsruhe. En 2021, le 14 octobre, le réseau de tramways électriques fêtera ses 120 ans ! Inauguré en 1901, il est aujourd’hui fort de cinq lignes cumulant un total de 38,3 km exploité par 67 rames. On dénombre six séries différentes avec les anciens Düwag, qui s’éclipsent progressivement, remplacés par les récentes et spacieuses rames CAF. Pour pérenniser l’exploitation, il fallait trouver une alternative aux tramways hippomobiles qui devenaient obsolètes. La coentreprise Siemens et Halske, s’occupant de l’éclairage public dans la ville, réalise d’emblée quatre lignes d’un total de 13 km :
– ligne A : Lorettostrasse – Rennweg ;
– ligne B : Lehenerstrasse – Lorettostrasse ;
– ligne C : Lehenerstrasse – Bleicheweg ;
– ligne D : Rennweg – Günterstal.
Établies en forme de croix, elles préfigurent déjà le réseau actuel. 27 tramways construits par Hawa (Hanover Wagon Fabrik) assuraient les rotations. Le réseau s’agrandit en 1930 jusqu’à 20 km répartis sur six lignes complétées de quatre lignes d’autobus. La Seconde Guerre mondiale redessinera cette carte et le bombardement de novembre 1944 détruira une bonne partie de la vielle ville, des infrastructures et des tramways. Au lendemain du conflit, les lignes de tramways rouvrent très progressivement dès le 26 mai 1945 avec celles de Holzmarkt – Günterstal et Oberlinden – Littenweiler. L’essor du tramway n’intervient qu’à la fin des années 60 au moment où il devient une pièce maîtresse dans un schéma d’urbanisme. L’agglomération de Fribourg voit de nouveaux quartiers sortir de terre ; le tramway les reliera. C’est l’époque où le transport automobile prend de l’ampleur en Europe. Une coexistence qui a parfois été fatidique, comme nous le savons, dans plusieurs grandes villes de France et quelques-unes d’Allemagne. Mais à Fribourg on ose et, en 1972, le centre-ville historique s’articulant autour de la cathédrale devient une zone dépourvue de voitures. Tramways, piétons et vélos y sont rois. Des parkings pour les autos ont été conçus en extrémité de la ville. La qualité de vie change radicalement avec la décongestion des ruelles (débarrassées de 22 000 voitures environ). Et de nos jours, ce centre-ville reste toujours aussi dynamique. En 1983 est inauguré le pont Stühlinger, sur lequel est situé l’arrêt Hauptbahnhof. Plusieurs escaliers et ascenseurs mènent aux différents quais de la gare principale située sur l’artère ferroviaire Bâle – Offenburg. Le pont Wiwili ou Blaue Brücke pour « pont bleu » qu’utilisaient jadis les tramways est réapproprié par les piétons et cyclistes. Cette même année, le courant d’alimentation passe du 600 V au 750 V. Ce changement s’accompagne jusqu’à la fin du xxe siècle de cinq prolongements de lignes ou tronçons :
– 9 décembre1983 : Hauptbahnhof – Technisches Rathaus – Runzmattenweg – Paduaalle, ligne 1 (3,5 km) ;
– 14 juin1985 : Paduaalle – Landwasser, ligne 1 (2,2 km) ;
– 27 septembre 1986 : Technisches Rathaus – Robert-Koch Strasse – Friedrich-Erbert Platz, ligne 5 (1,1 km) ;
– 26 mars 1994 : Bissierstrasse – Am Lindenwäldle – Haid, ligne 3 (2,2 km) ;