Avec l’arrivée des nouvelles rames Coradia Liner sur la ligne 4, les roulements des rames tractées avec CC 72100 se sont arrêtés officiellement le 28 août dernier. Une occasion de revenir sur la carrière de ces locomotives diesels de grande puissance, qui auront marqué la relation Paris – Mulhouse.
Anciennes CC 72000 remotorisées, les CC 72100 héritent majoritairement des évolutions techniques réalisées sur ces dernières. Entre 1990 et 2000, les CC 72000, sont encore très présentes à la gare de l’Est ainsi qu’au dépôt de la Villette, lieu où elles préchauffent avant d’effectuer leurs trains. Mais cette situation engendre des plaintes dès le début des années 90, les CC 72000 étant jugées trop polluantes et trop bruyantes par les riverains et promoteurs immobiliers. Ces derniers laissent alors entrevoir le spectre d’une fermeture du dépôt de la Villette. Face à cette situation de crise, la SNCF, qui n’a pas encore de locomotives thermiques susceptibles de remplacer les 72000, décide dans un premier temps de les déplacer à l’Ourcq, atelier servant jusqu’alors pour la maintenance des rames voyageurs. À cette occasion, l’opérateur historique y aménage une station-service ainsi qu’un dispositif d’aspiration et de traitement des fumées émises par les locomotives.
Néanmoins, dans l’idée d’allonger la durée de vie des « grosses bleues », la SNCF entreprend le remplacement du célèbre moteur AGO V 16 ESHR de la SACM (Société alsacienne de constructions mécaniques), basée à Mulhouse, par un moteur plus récent et moins polluant. Ce moteur, développé par les ateliers d’Alstom Atlantique à Saint-Nazaire, est le SEMT Pielstick V 16 PA 4 V 200 VGA. Les essais concluants réalisés sur la CC 72048 amèneront la SNCF à installer ce moteur dans 30 locomotives. Il n’est pas inutile de signaler qu’une version moins puissante de ce moteur avait déjà été testée au début de l’année 1987 sur les CC 72044 et CC 72075. L’effectif choisi par la SNCF pour recevoir ce nouveau moteur correspond au parc Grandes Lignes basé à Chalindrey auxquelles sont ajoutées les CC 72021, CC 72057, CC 72058 et CC 72089. Ces quatre dernières quitteront le dépôt de Nevers pour rejoindre Champagne-Ardenne. L’opération de remotorisation des 30 locomotives s’étalera sur deux ans, de 2003 à 2004, et aura lieu dans les ateliers de Quatre-Mares à Sotteville. Elle consistera principalement par la mise en place du moteur Pielstick, dont le volume est moins important, ce qui engendrera de lourds travaux de chaudronnerie, en vue d’intégrer les circuits de réfrigération et de ventilation. À cette occasion, la gestion électromécanique, très présente à bord des CC 72000, sera remplacée par une nouvelle gestion électronique. Cela se traduit également par l’implantation d’un automate programmable, commandant l’injection de carburant dans le moteur. Toutes ces modifications étaient transparentes pour la conduite.