Du Chemin de fer métropolitain de 1900 au Grand Paris Express, une exposition retrace l’histoire passionnante des transports publics franciliens. La Cité de l’architecture et de l’industrie lui ouvre ses portes jusqu’au 2 juin.

11 heures du matin sous une bruine sans conséquence, une petite foule s’est formée devant les portes de la Cité de l’architecture et de l’industrie. Les portes s’ouvrent. Manifestement, les visiteurs sont nombreux à venir découvrir le passé du métro parisien, mais aussi son avenir avec la construction du Grand Paris Express.

Baptisée Métro ! Le grand Paris en mouvement, l’exposition se déroule au Palais de Chaillot jusqu’au 2 juin 2024. La scénographie, a été confiée à l’agence Roll. Cette agence d’architecture et de scénographie lancée par Ian Ollivier et Lucie Rebeyrol en 2016 avait notamment créé l’exposition « Regards du Grand Paris » avec le Cnap et les Magasins Généraux.

Métro ! débute avec les premiers transports en commun de la capitale. Puis, avec le projet de chemin de fer métropolitain et sa mise en service en 1900.

Son nom résonne aujourd’hui comme celui d’une station du métro parisien… Fulgence Bienvenüe a tenu un rôle de premier plan dans la conception de ce mode de transport. Cet ingénieur breton, treizième enfant d’un notaire d’Uzel, a parié sur la création « d’un chemin de fer métropolitain… pour faciliter les déplacements à l’intérieur de Paris ». En 1895, il réalise avec Edmond Huet l’avant-projet d’un métropolitain à voie étroite et à traction électrique. À la suite de la déclaration  d’utilité publique prise en mars 1898, un chantier titanesque débute alors, bouleversant le sous-sol et le quotidien des Parisiens. Les photos des travaux, accomplis avec des moyens des plus limités, sont saisissantes. Le métro est finalement inauguré le 19 juillet. Il est rapidement adopté par les habitants qui ont vite oublié leurs réticences initiales.

L’intérieur d’une voiture Sprague – Thomson a été en partie reconstitué. Un groupe d’étudiants se presse sur les sièges en bois, prenant la pause devant les réclames d’époque, s’assurant ainsi un succès certain sur les réseaux sociaux !

Plusieurs stations bénéficient d’un focus. C’est notamment le cas de la station Danube ou de la station Abbesses, sur la ligne 12, la plus profonde du réseau parisien, où les voyageurs attendent leur rame à 36 mètres sous le sol.

Le plus vaste projet de génie civil en Europe se dévoile ici dans toute sa complexité. Vingt-trois tunneliers auront été nécessaires pour le creusement de 200 kilomètres de voies nouvelles. Les premières semaines de l’exposition une roue de coupe, de l’une de ces machines titanesques placée sur la place du Trocadéro accueillait les visiteurs. Si elle n’est plus présente devant le Palais de Chaillot, la maquette d’un tunnelier est présentée à l’intérieur. L’occasion de se représenter l’incroyable ingénierie de ces monstres de technologies. Véritable usine qui parvient à avancer en moyenne de 15 mètres par jour.

On n’accueille pas un tel mastodonte sans un peu de préparation. A l’aide d’imposantes grues, le bouclier et les différents éléments qui constituent tunnelier sont descendus au fond du puits où ils sont assemblés. L’impressionnante roue de coupe bleue électrique est descendue au dernier moment. Au coeur du tunnelier, travaillent 60 compagnons, des ouvriers spécialisés au savoir-faire unique. L’exposition aborde également un thème essentiel : la gestion des 47 millions de tonnes déblais et leur potentiel réutilisation. La seconde partie de l’exposition présente au visiteur les nouvelles gares qui vont être mises en service dans les prochaines années avec la réalisation du Grand Paris Express. Projet qui va aboutir à doubler en périphérie le réseau actuel. Chaque gare du Grand Paris Express est unique. Les différents projets architecturaux réalisés par une trentaine d’agences d’architecture sont présentés à travers des maquettes.

Sièges, poubelles, supports d’information, points d’accueil, distributeurs de titres de transport, appareils de contrôle… plus de 30 000 équipements doivent être installés dans les 68 nouvelles gares du futur réseau du Grand Paris Express. Les designers Patrick Jouin et Ruedi Baur ont été invités à collaborer pour la réalisation du design d’une gamme complète de mobilier et la création d’une signalétique grand format et en cinq langues.

Des tandems architectes-artistes ont été choisis par la Société du Grand Paris afin de réaliser des oeuvres d’art pérennes pour ces 68 futures du futur métro automatique de la moyenne et grande couronne parisienne, dont le premier tronçon est attendu pour les JO de l’été 2024, avec l’extension de la ligne 14.

Une autre exposition temporaire de la Cité de l’architecture est consacrée à l’oeuvre de l’architecte Paul Andreu jusqu’au mois d’avril. Avec le décorateur Joseph-André Motte, l’architecte a créé le style « Motte-Andreu » qui, de 1974 à 1984, a transformé une centaine de stations du métro de Paris. Pourtant, aucune référence à ce passé dans l’exposition… Dommage de n’avoir pas conçu un pont entre les deux évènements !