Ce documentaire d’Arte réalisé par Gabi Schlag s’ouvre sur des voies ferrées et sur des trains. En mars 1942, les nazis franchissent une nouvelle étape dans la solution finale avec le lancement de l’opération « Reinhard ». Trois camps d’extermination, tous desservis par le train, voient le jour afin de procéder à l’élimination systématique des juifs du Gouvernement général de Pologne : Bełżec, Treblinka et Sobibor. Ce dernier camp est édifié à quelques kilomètres de la frontière ukrainienne. Conçues pour le meurtre de masse, les installations du camp permettent d’assassiner jusqu’à 2 000 personnes par jour. La mise à mort devient industrielle. De mai 1942 à octobre 1943, plus de 250 000 personnes y ont perdu la vie.
Avant d’arriver sur place, les déportés, essentiellement juifs, mais également des Roms, entreprenaient un terrible voyage à bord de wagons surchargés, caniculaires l’été, glaciales l’hiver. Entre 80 et 100 personnes s’y entassaient pendant plusieurs jours. Au fur et à mesure que la nouvelle de la Shoah se répandait, de plus en plus de déportés tentaient de fuir ces convois. Plusieurs ont réussi.
Quelque mois après la fin de l’opération, en octobre 1943, les bourreaux font tout pour effacer les traces du massacre. Les installations sont démantelées et des arbres sont plantés sur les fosses communes. La culture du secret a toujours entouré le site. Ains, dans la petite gare de Sobibor une palissade avait été construite pour empêcher les voyageurs des trains classiques de voir le camp de la mort. Malgré toutes ces précautions, la nouvelle s’ébruite. Des rescapés parlent, des témoins se font connaitre. Parmi ceux-ci, Joseph Richter, qui semble-t-il appartenait à une équipe de maintenance des voies ferrées, a laissé plusieurs dessins des terribles scènes dont il a été témoin.
En en 2007, d’importantes fouilles archéologiques sont lancées et permettent de mieux comprendre le fonctionnement de Sobibor. Les archéologues mettent au jour la structure de Sobibor et exhument une réalité que les nazis ont tout fait pour effacer. En 2020, le petit-fils de Johann Niemann, le directeur adjoint du camp, découvre une collection de photos prises par son aïeul tout au long de sa carrière. Des clichés qui offrent le point de vue des nazis et qui permettent aux archéologues de confronter leurs travaux aux images de l’époque. Un combat pour la mémoire qui met en lumière toute l’ampleur du crime commis à Sobibor par l’Allemagne nazie.