Dans la catégorie des machines dites unifiées, acquises dans le cadre de la loi du « Prêt-Bail » par la SNCF, pour faire face aux besoins de la reconstruction à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, les 141 R reprenant des plans américains adaptés par elle se démarquent des autres séries du fait de leur construction outre-Atlantique, aux États-Unis et au Canada. C’est la série la plus importante avec 1 323 unités qui auront enterré bien avant l’agonie définitive de la traction vapeur sur les lignes hexagonales leurs consoeurs qu’il s’agisse des 241 P, 240 P, 232 R, S, U, 150 P, 141 P et autres 151 TQ, 050 TQ de conception purement française.
Fiables, à simple expansion et robustes donc peu coûteuses d’entretien, d’une conduite facile en banalité complète, elles se sont avérées être des machines universelles en tête de tous types de trains, bien que leur vitesse limite soit plafonnée à 100 km/h. C’est pourquoi elles auront été avec les 140 C, bénéficiant de la même simplicité d’usage sur les lignes secondaires, les deux dernières séries à clôturer le règne de la vapeur en 1974 et 1975, dans le quasi-anonymat.
De nombreuses 141 R seront préservées, du fait de leur fin carrière tardive, et de leur simplicité.
Retour remarqué pour la berrichonne R 840
À la suite de son amortissement le 10 décembre 1975 à Vierzon après 1 655 314 km parcourus, la 141 R 840 garée dans ce dépôt bénéficie d’une convention pour la garde par l’association AAATV Centre-Val de Loire le 27 juin 1977. Après plusieurs années de stationnement dans son ancien dépôt, devenu remisage à l’air libre du fait de la démolition de l’ancienne remise PO, elle est transférée à l’abri à l’annexe traction de Cosne le 14 septembre 1985. Les bénévoles se lancent alors dans l’aventure de la restauration. Retimbrée en octobre 1991 et présentée en feu en gare de Cosne pour la première fois le 7 mai 1993, elle est prise en main du 14 juillet 1996 au 11 septembre 1997 par le dépôt de Nevers, pour la révision de ses organes de roulement et divers travaux.