Produite par Tony Comiti, la série documentaire « Les routes de l’impossible » a partagé en sept saisons de reportages le voyage de ces hommes et ses femmes qui prennent tous les risques le temps d’un trajet pour subvenir à leurs besoins. Pendant tout l’été, France 5 a proposé sept épisodes inédits de la 19e saison, suivis de la rediffusion d’un opus d’une ancienne saison.
Dans l’épisode consacré à l’Equateur, Patrice Lucchini et Frédéric Elhorga nous emmènent au coeur de l’Amazonie, dans la vallée d’Alto Tambo, sur une petite ligne délabrée, progressivement avalée par la jungle après avoir été abandonnés par la compagnie ferroviaire qui l’exploitait.
Elle accueille pourtant toujours d’étonnants matériels bricolés qui assurent un service de transport vital pour les habitants de cette région isolée. Elle leur permet de transporter hommes, bêtes et récoltes vers les marchés de la région. On y suit Juce et ses compagnons qui prennent tous les risques pour convoyer leurs « rancheras » – des camions bricolés pour circuler sur les voies ferrées – à bon port. En l’occurrence, un camp de bûcherons situé à une vingtaine de kilomètres de leur village.
La voie ferrée est en état de délabrement très avancé. La plupart des traverses ont disparu et parfois le sol s’est complètement dérobé sous les rails. Les viaducs ne semblent tenir qu’à un fil et le spectateur retient régulièrement son souffle au passage de ces ouvrages d’art désossés par le temps qui passe. Afin de se prémunir des déraillements, les « rancheras » ont troqué les anciennes roues par des morceaux de canalisation laissées là par une entreprise pétrolière. Les habitants sont complètement désarmés pour assurer la maintenance de l’infrastructure et ne peuvent que rafistoler avec les moyens du bord l’ancienne ligne de chemin de fer. Autre difficulté pour les conducteurs des « ranche-ras » : les machines n’ont pas de frein. En cas d’urgence, le conducteur doit rétrograder, voir éteindre le moteur et s’en remettre à la chance. Mais, les accidents graves sont finalement rares… Ces voyageurs de l’extrême parviendront à destination après six heures d’efforts.
Un autre épisode est issu de la 16e saison de la série documentaire. Initialement diffusé en juillet 2023, il nous emmène sur une ligne de chemin de fer toute aussi décrépite. Changement de continent, mais pas de conditions de voyage… La voie ferrée que nous découvrons se situe en Indonésie, au coeur de l’île de Sumatra, une région sauvage et qui manque cruellement de routes et de transports en commun fiable et efficace.
A Sumatra, l’infrastructure a été construite au début du XXe siècle par les colons néerlandais, qui occupaient alors l’Indonésie. Là encore, les habitants se sont approprié une ligne de chemin de fer abandonnée. L’entreprise qui exploitait les ressources minières de la région et l’infrastructure ferroviaire a fait ses bagages en 1980. Mais, la ligne permet toujours d’effectuer les 35 km qui séparent le village de Napal Puth de la mine d’or de Lebong Tendai, où les orpailleurs rêvent de trouver la pépite qui fera leur richesse.
Pour ce faire, Masinis a construit de ses propres mains un engin ferroviaire unique en son genre, qui lui permet de transporter jusqu’à une tonne de marchandises et huit passagers !
Un travail qui n’est pas sans risque, comme le conducteur l’explique, résigné : « Le plus grand danger, c’est de basculer dans un ravin. Ça m’est déjà arrivé. Mais, il n’y a jamais eu de morts… Heureusement ! » Le trajet filmé par l’équipe de télévision est particulièrement éprouvant. Les voyageurs finissent par arriver à bon port vers 23 h, après une dizaine d’heures de voyage. 10 heures pour effacer 35 km seulement du trajet !
S. D.
A voir France.tv. Les routes de l’impossible – Equateur, frayeur sur les rails – Sumatra, maudits trésors. Production Tony Comiti, avec la participation du Centre national du Cinéma et de l’Image animée et de France Télévisions.