Constituées à partir des années 1960, les collections de l’association du Musée international des transports métropolitains (Amitram) racontent l’histoire des transports urbains de la métropole lilloise de la fin du XIXe siècle au mitan des années 1980. Un exemple unique en France.
Plus d’un siècle et demi de transports en commun dans les villes de Lille, Roubaix et Tourcoing : c’est ce qu’illustrent les collections de l’Association du Musée international des transports métropolitains (Amitram), qui oeuvre à la préservation et la restauration de ce patrimoine à Marquette-lez-Lille (Nord), dans son atelier de 1 000 m2. Soit une quarantaine de tramways, d’autobus, de trains et de véhicules techniques de différentes époques que les bénévoles de l’association ont patiemment dénichés au fil des années et non moins patiemment remis en état.
A la fin du XIXe siècle, l’activité économique se développe dans le Nord avec l’utilisation de la houille et de l’acier. L’industrie ferroviaire s’attaque au développement des lignes de chemin de fer secondaires et la promotion du transport urbain sur rail. Le département compte alors plusieurs usines ferroviaires et participe à l’essor du tramway urbain : jusqu’à dix villes sont parcourues par des tramways avant 1914. Le cheval, la vapeur, l’électricité – avec des batteries dans un premier temps, puis la ligne aérienne – apportent des éléments de confort innovants, signes d’un besoin constant d’innover.
Une vague de progrès dans les trois villes-soeurs
Les trois villes-soeurs que sont Lille, Roubaix et Tourcoing n’échappent pas à cette vague de progrès. Le 7 juin 1874, les premiers tramways hippomobiles roulent dans les rues de Lille grâce aux Tramways du Nord (TdN). Ils seront suivis trois ans plus tard par ceux de Roubaix, exploités par la Compagnie des Tramways de Roubaix et Tourcoing (TRT). Le 2 juillet 1880, nouveau progrès technique, les TdN inaugurent la traction à vapeur entre Lille et Roubaix. Le 22 octobre 1894, la TRT ouvre ses lignes de tramways électriques sur les villes de Roubaix et Tourcoing, une avancée technique révolutionnaire pour l’époque. A Lille, c’est en 1897 que la traction électrique fait son apparition : les TdN mettent en service six motrices à bogies, équipées d’accumulateurs en s’inspirant des essais réalisés à Paris, une véritable innovation par rapport aux chevaux et tracteurs à vapeur. Mais les essais seront peu probants. Octobre 1902 marque la naissance d’un nouveau réseau électrifié, celui de la Compagnie des Tramways Electriques de Lille et sa banlieue (TELB). Là encore, c’est une amélioration du service des transports urbains.
Mais ce n’est pas fini… Alfred Mongy, ingénieur de la ville de Lille, à qui l’on doit le Grand Boulevard reliant Lille, Rou- baix et Tourcoing, fonde un réseau de tramways électriques départementaux, l’Electrique Lille-Roubaix-Tourcoing (ELRT). Ce réseau ferré sera surnommé le “Mongy” en hommage à l’ingénieur. Et le 12 avril 1908, c’est la ligne Lille – Leers qui est ouverte, suivie le 4 dé- cembre 1909 par les deux lignes en site propre sur le Grand Boulevard, Lille – Roubaix et Lille – Tourcoing, une réalisation unique en France. Las, la Première Guerre mondiale endommagera cet en- semble de transports urbains.
Esthétisme et confort
A l’issue du conflit, les trois compagnies se trouvent à la tête d’un matériel vieil- lissant, à tel point que l’ELRT va absorber la TRT pour ne former qu’un seul réseau à voie métrique en 1922. De leur côté, les TELB vont reconstruire des tramways à l’esthétique et au confort inédits pour l’époque : les motrices 700 à essieux guidés (1926), les 800 (1934), nettement plus performantes que les anciennes 500 et 900. L’ELRT fera construire en 1937 les motrices 200, jugées révolutionnaires en termes de confort et d’esthétique.
Après la Seconde Guerre mondiale, une page se tourne. La tendance est au rem- placement progressif des tramways par des autobus plus ou moins aménagés pour les services urbains. Au début des années 1960, l’arrivée des Isobloc aux TELB marque une nouvelle étape majeure. Surtout en 1962, année de conception d’un modèle équipé pour le service à un agent à bord. La construction de ces véhicules sera confiée à la firme Brossel (série 300). La série servira de modèle pour les autres constructeurs.
Naissance du Val L’évolution des transports urbains, conjuguée à l’extension urbanistique de la métropole, se poursuit. En 1968, la Communauté urbaine de Lille décide de créer une ville nouvelle, Villeneuve-d’Ascq. En 1970, un projet de liaison entre celle-ci et Lille est choisi : ce sera un transport automatique à petit gabarit. Ainsi naquit un système de pilotage automatique pour un métro qui deviendra le VAL (Véhicule automatique léger). Les deux prototypes de Matra, testés de 1973 à 1975, deviennent les premiers métros automatiques du monde. Et c’est en mai 1983 que François Mitterrand, alors président de la République, inaugure le premier métro automatique reliant Lille et Villeneuve-d’Ascq.
Ces 150 ans de transports urbains dans la Métropole Européenne de Lille sont racontés à travers les trésors de l’Amitram, des collections qui sont un exemple unique en France.