Âgé de 135 ans, ce viaduc, situé sur la ligne L du Transilien (Saint-Nom-la-Bretèche), nécessitait d’être reconstruit. Une opération délicate en raison de l’environnement urbain. La fin 2017 a été mise à profit pour changer le tablier, le reste de l’ouvrage sera remplacé en 2018. Il sera alors fin prêt pour recevoir les nouvelles rames Francilien…
C’est un chantier hors normes qui se déroule actuellement à Marly-le-Roi sur l’une des branches de la ligne L de Transilien. L’actuel viaduc date de 1883. Sous surveillance dès 2003, sa structure métallique montrait des faiblesses et des signes de vieillesse. Dès 2010, l’inquiétude des riverains est ravivée après la chute de boulons et rivets dans leurs jardins. La surveillance périodique de l’ouvrage métallique entraîne une vaste opération de renforcement en 2013. L’ouvrage, emmailloté dans un filet, fait l’objet d’une vérification approfondie de l’ensemble avec réparation des structures et remplacement des rivets. À l’issue de ces investigations, le verdict tombe en 2014 : le tablier métallique doit être remplacé. Le projet, estimé à 65 millions d’euros, est lancé par RFF puis repris par SNCF Réseau. De 2014 à 2016 sont menées les études, la consultation des entreprises et l’enquête publique permettant d’associer très en amont les collectivités locales et les habitants de Marly-le-Roi. Car cet ouvrage, qui enjambe la petite vallée à 30 m de haut, présente la particularité d’être en zone urbaine et de surplomber des habitations et des commerces. La conduite du chantier s’avère donc très contraignante.
Le chantier a démarré début 2017 avec les aménagements des accès aux chantiers et le remaniement des zones ouvertes au public, avec création de cheminements protégés.
Le principe global du chantier est la construction sur site du nouvel ouvrage, son positionnement à côté de l’actuel puis la substitution. Le chantier est confié à un groupement d’entreprises spécialisées emmené par Vinci Construction avec Baudin-Chateauneuf, Solétanche-Bachy, Freyssinet, ETF, Chantiers modernes et GTM.
Dès mars 2017, en deuxième étape, des palées provisoires avec semelles d’appui sont construites autour de chaque pile existante ainsi que des pieux et berlinoises le long de la voie 1 côté Garches. Les appuis existants (piles et culées) sont conservés et renforcés. En même temps est confectionnée côté Garches la zone de préfabrication et de lançage du nouvel ouvrage.
Le nouvel ouvrage a été imaginé par l’agence Lavigne & Chéron architectes sous la supervision de l’architecte des Bâtiments de France. Il s’agit d’une structure légère mixte acier-béton de type bipoutre. Les premiers éléments du tablier sont arrivés sur site en juillet par convois routiers exceptionnels. Ils sont soudés et peints sur place. Le lançage sur les palées provisoires s’effectue par tranche de 80 m et il y en a donc trois, effectués les 17 septembre, 15 octobre et 12 novembre. L’intervalle entre chaque lançage permet la construction de 80 m supplémentaires d’ouvrage, soit 300 t de charpente. Équipé d’un avant-bec de 20 m de long (chaises de lancement en bleu foncé), l’ouvrage glisse sur des patins en téflon enduits de pâte savonneuse pour limiter l’effort et tout endommagement éventuel. Le mouvement, 20 m par heure, est généré par l’effort de traction issu de deux treuils placés à l’arrière de l’ouvrage et d’un câble enroulé sur une poulie pour démultiplier l’effort : avec 2 t exercées sur le câble, l’effort réel est de 20 t.