Le garde des voies de communication, vigile des voies ferrées durant la Première Guerre mondiale
Qui est cet homme âgé, adossé à un poteau télégraphique qui semble si las et fatigué? On distingue au loin une locomotive et dans son sillage, de gros nuages de vapeur s’échappant dans le ciel. Cet environnement ferroviaire et le brassard qu’il porte au bras gauche sont autant d’indices qui nous renseignent sur sa fonction, il est garde des voies de communication, « GVC ». Il surveille tous les passages sensibles d’une ligne, protège les abords des gares, les passages à niveau mais aussi les tunnels, les ponts, les viaducs.
Le GVC est en général équipé d’un fusil à baïonnette, il s’agit probablement ici d’un fusil modèle 1874 dit Fusil Gras. Sa tenue pouvait varier selon la saison et en fonction des stocks de vêtements disponibles au dépôt militaire. C’est à partir de 1916- 1917, que l’uniforme bleu horizon composé d’une capote et d’un pantalon de même couleur se répand au sein de l’armée mais il n’est pas obligatoire pour le GVC. Autour de sa taille, apparaît un ceinturon qui retient une cartouchière, bravant les intempéries, il se protège de la pluie et du froid avec un képi à visière et une grosse écharpe.
Le voici donc représenté en pleine page sur la couverture de ce numéro spécial de La Baïonnette consacré aux GVC. L’hebdomadaire satirique est créé en janvier 1915 par Henri Maigrot, dit Henriot (1857-1933), illustrateur et ancien directeur du journal Le Charivari. Sur un ton caricatural, la publication ridiculisait l’ennemi pour soutenir le moral des Français en évoquant la guerre sous différents angles. Elle employa de nombreux illustrateurs et caricaturistes tels que Marcel Capy, Francisque Poulbot, Charles Léandre ou Albert Robida et souhaita garder, jusqu’à la cessation de sa parution en 1920, une orientation familiale et de bon ton.
À gauche, sous le titre La Baïonnette, on distingue la signature de l’auteur, Maurice Leroy. Ce dessinateur et graveur, ancien élève des Arts décoratifs, exposa au Salon des humoristes à partir de 1913. Il réalisa beaucoup de caricatures dans les journaux de la première moitié du XXe siècle et mit son coup de crayon au service de la publicité et du livre pour enfant. Si ses dates de naissance et de mort ne sont pas connues, il est en revanche certain que son activité professionnelle se concentra de 1913 à la fin des années 1950. Maurice Leroy a pu esquisser ce GVC en situation et reprendre le croquis en atelier pour l’achever en 1916 (date mentionnée sous sa signature).