Le souci de rentabiliser les trains, avec notamment la multiplication des formules à bas coût, et le raccourcissement de la durée des voyages en TGV mettent actuellement en péril l’existence des voitures-bars. Familières aux usagers, et appréciées d’eux, elles pourraient prochainement s’éclipser de notre paysage ferroviaire. Histoire d’une disparition (pas encore tout à fait) programmée…
La restauration dans les TGV a tout naturellement commencé en 1981 avec la mise en service du TGV entre Paris et Lyon. La Compagnie des Wagons-Lits crée la Sorenlif (Société de restauration de la nouvelle ligne ferroviaire) et la baptise « Service 260 » (260 en référence à la vitesse maximale des TGV). Depuis, plusieurs groupes se sont partagé ce marché : Servair, Wagons-Lits-Accor, Cremonini et, depuis deux ans, Newrest. Le 13 novembre 2013, en effet, le groupement Newrest-Elior s’implante sur les TGV de la SNCF et devient le nouveau prestataire de service pour la restauration. Il succède à l’italien Cremonini pour un contrat de 850 millions d’euros. Newrest est le chef de file de cette coentreprise montée avec Elior (65-35 %). Dans la foulée, le groupe majoritaire rafle Alleo, la filiale commune entre la SNCF et la Deutsche Bahn qui relie la France à l’Allemagne. Newrest voit également son contrat reconduit pour la restauration à bord des TGV Est, le seul réseau qui échappait à Cremonini. Newrest est ainsi présent sur l’ensemble du réseau ferré français et même outre-Rhin, à l’exception des ICE et des iDTGV.
L’atout qui lui a permis d’évincer son concurrent italien réside dans sa capacité à associer à son offre des marques de restauration. Connues du public, ces marques rassurent les voyageurs sur la qualité du produit et font oublier le mauvais rapport qualité/prix du traditionnel « sandwich SNCF » qui ternissait, parfois injustement, la réputation de la restauration à bord des trains. Sur sa carte de restauration, renouvelée deux fois par an : Monop’Daily, Paul, Boco et les cafés Illy, les thés de la Compagnie coloniale ou encore une marque montante : Michel et Augustin (desserts et jus de fruits). Le produit phare, le croque-monsieur, vendu chaque année à plus de 800 000 exemplaires, se retrouve sur tous ses menus. D’un point de vue logistique, Cremonini assurait toute la chaîne de services de A à Z liée à la restauration. Depuis l’arrivé de Newrest, la SNCF est aussi très présente dans cette activité car elle achète et vend les produits via sa filiale CRM Services. Elle gère le stock et les volumes à mettre sur les trains et Newrest s’occupe de la vente avec son personnel roulant. Le chargement et déchargement des rames sont, quant à eux, sous-traités par le groupe Avirail, déjà présent sous Cremonini.