Un cheminot de 42 ans s’est jeté sous un train gare Saint-Lazare dans la nuit du 10 au 11 février dernier. SUD-Rail, dont il était un militant, rend sa direction responsable de son suicide. Le syndicat évoque des « pratiques inhumaines » qui l’auraient « poussé à faire ce choix ». Fabio d’Ambrosio, porte-parole du syndicat à Saint-Lazare, rapporte qu’Édouard Postal, militant et délégué du personnel, en arrêt de travail depuis le 1er juillet, était entré à la SNCF en 1999 avec le statut de travailleur handicapé.
Il avait fait l’objet d’un conseil de discipline qui l’avait condamné en octobre 2016 « un dernier avertissement avant licenciement assorti d’une peine de 12 jours de mise à pied et d’un déplacement disciplinaire ». Ce déplacement, un poste à Brétigny-sur-Orge, lui aurait été signifié quelques jours avant son geste. « Sans respect des règles » pour SUD-Rail car en raison de son statut de travailleur handicapé « il aurait dû passer par le CHSCT ». Pour la direction SNCF, qui a confirmé la tenue de ce conseil de discipline, le cheminot entretenait « des relations tendues avec ses dirigeants ». « Certains, rapporte un cadre de Saint-Lazare, avaient témoigné des craintes que leur inspirait son comportement ».
Depuis de très nombreuses années, des différends l’opposaient à sa hiérarchie. En mars 2015, la Cour d’appel de Paris avait condamné la SNCF en appel à lui verser 30 000 euros de dommages-intérêts pour « l’existence d’une discrimination syndicale et également liée à l’état de santé du salarié, travailleur handicapé » sur dix ans. La police a ouvert une enquête. Au terme d’une réunion extraordinaire, lundi 13 mars à Saint-Lazare, le CHSCT a de son côté réclamé une enquête interne et l’ouverture d’un dossier pour accident de travail.