L’annonce en fin d’année de la suppression de plusieurs dizaines de postes au technicentre Charente-Périgord a mobilisé cheminots, syndicats et élus locaux. La pérennité même du site de Périgueux est remise en question par la baisse importante de ses charges de travail
À l’appel des syndicats CGT, FO, CFDT, UNSA Ferroviaire et SUD-Rail, les cheminots périgourdins sont dans l’action depuis le 26 novembre, avec le soutien de la population et de nombreux élus. À l’annonce de la suppression de 90 postes à Périgueux, qui a suscité l’émoi dans le département, très vite un front commun s’est organisé au-delà des idéaux politiques. La préfète, Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc, rencontrait la direction régionale de la SNCF. « On nous annonce d’un seul coup, explique Olivier Risset le représentant de la CGT, une baisse des charges de travail conséquente, due au fait que le Grand bassin parisien sud (GBPS) aurait réduit de plus de moitié sa commande de voitures rénovées pour 2017, en raison de l’achat de nouvelles rames neuves en Île-de-France. On devait faire 38 voitures et d’un seul coup on n’en a plus que 19. De plus, et on le sait bien, les voitures Corail, la spécialité du technicentre, sont amenées dans un plus ou moins long terme à disparaître de la circulation. Nous n’avons plus de charge d’avenir pour pérenniser l’établissement. Il faut en trouver de nouvelles ».
Le 8 décembre, lors d’une première réunion à la préfecture réunissant syndicats, élus et direction régionale de la SNCF, cette dernière annonçait en préambule la suppression de 60 postes, au lieu des 90 initialement prévus. Cela reste toujours 60 de trop pour les syndicats. Aux cheminots venus manifester, lors d’une halte devant l’hôtel de ville de Périgueux, le maire, Antoine Audi, tenait à apporter son soutien : « Je suis avec vous. Je ne veux pas que les ateliers du Toulon deviennent la sidérurgie du Périgord. Ils font partis de l’ADN de Périgueux ». Tous demandent à la direction de trouver de nouvelles charges de travail. Sinon, l’historique centre, qui compte plus de 150 ans d’activité, sera amené à fermer. Un coup très dur pour la Dordogne. Bruno Maggioli, le directeur du technicentre Charente-Périgord, expliquait : « Les décisions prises au niveau de l’État pour acheter du matériel neuf ont eu indirectement un impact négatif sur les ateliers de maintenance. Nous vivons un trou d’air. » Face à la baisse d’activité prévue, les sureffectifs avaient d’abord été estimés à 120 personnes pour 2017 (90 sur Périgueux et 30 pour Saintes). «Maintenant, quelques charges de travail sont revenues sur Périgueux, d’où la baisse du nombre des suppressions de postes annoncées, poursuivait-il. Dans un premier temps, nous nous passerons de l’intérim, puis nous allons étudier au cas par cas des demandes de mutation et le remplacement de quelques départs en retraite car il y a des métiers clés sur lesquels il y a une pérennité de la charge. Dans certains cas, il faudra toujours des personnes qualifiées. Nous voulons que cela se passe au mieux pour les agents et pour l’établissement. Pour un poste de travail, il n’y a pas que la charge de main-d’oeuvre directe qui est de 60 %. Il y aussi les frais de structure et d’organisation (40 %) qui vont avec. Il nous faut trouver un juste équilibre pour rester compétitif. » `
L’atout majeur du technicentre est la multiplicité de ses activités à Périgueux, notamment sur les pièces réparables du matériel (PRM) et grâce à la certification de centre d’excellence sur la climatisation et sur les sanitaires. Ces deux produits de maintenance de pièces touchent tous les trains roulant en France actuellement. Des investissements sont en cours pour l’activité sanitaire, tout comme il y en a eu pour la climatisation. L’établissement compte continuer dans ce sens afin d’adapter son outil industriel à des charges futures. « Nous pouvons prospecter sur d’autres marchés qui utilisent la même technologie, ajoutait Bruno Maggioli. Quant à la clim, elle se généralise dans tous les moyens de transport. C’est une technologie pointue avec une réglementation complexe et contraignante. Nous avons l’ingénierie, l’école et l’atelier pour faire des réparations lourdes sur les clims, et la maîtrise de l’environnement propre à ce type de produits. Tous les techniciens de la SNCF viennent se former à Périgueux pour se spécialiser dans la climatisation. (…) Des appels d’offres sont en cours notamment, et c’est nouveau, pour les tramways. Mais nous ne sommes pas tout seuls sur les rangs. Nous attendons pour le début d’année une réponse des Tramways de Clermont-Ferrand. En attendant, il y a encore des clients à servir et il faut les satisfaire. » Une autre réunion devait se tenir fin janvier à la préfecture avec le directeur de région et les mêmes interlocuteurs. Avec de nouveau, des cheminots de Périgueux mobilisés.
