Petit inventaire non exhaustif de tous ceux qui vont, à un moment ou à autre, s’asseoir à la table des négociations, dans le cadre d’un face à face à hauts risques.
Soupledur
Très souple, simple, sympa, il cultive une façon d’être différente de celle de son maître et ami Juppé qui, en 1995 du moins, avait paru raide et hautain. Si le ton n’est pas le même, sur le fond, Philippe est plus dur qu’il n’y paraît. On le sait boxeur amateur, et l’air de rien il cogne dur. Il a l’art de dire qu’il ne cherche pas le conflit tout en disant ce qui le déclenche. Le statut ? Pour lui, le monde a changé, et il est temps que les cheminots s’en rendent compte. Poing final.
Pas avec lui
« Je ne serai pas le patron de la CGT Cheminots qui enterrera le statut ». Laurent Brun a donné le ton lors d’une interview accordée au Parisien le 16 février. Secrétaire général de la fédération cheminots depuis un peu plus d’un an, il se dit « pas rassuré du tout » sur le projet de réforme et participera aux réunions de concertation « sans beaucoup d’illusions ». Interpellant le gouvernement sur sa politique ferroviaire, la CGT demande un débat de fond et fait des propositions pour un service public fort tout en se préparant, s’il le faut, à un conflit dur.
Pari sur l’unité syndicale
Déçu mais pas vraiment surpris par les orientations gouvernementales. C’est ainsi que le secrétaire général de l’UNSA Ferroviaire a résumé l’état d’esprit régnant dans son syndicat après les annonces d’Édouard Philippe. « Le statut n’est pas du tout un frein aux conditions économiques du ferroviaire », a-t-il indiqué sur France Info en expliquant que l’UNSA veut mobiliser les cheminots « après cette attaque franche sur le statut ». « L’UNSA Ferroviaire y va dans un esprit “combatif” et parie sur l’unité syndicale. »
Cette réforme, il ne la soutiendra pas
Il avait soutenu la précédente réforme de la SNCF. Celle de 2014. Alors que la CGT et SUD Rail appelaient à la grève, il disait que les cheminots n’avaient pas de crainte à avoir pour leur statut. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. La CFDT, qui défend un « syndicalisme d’engagement » au lieu d’un « syndicalisme de contestation permanente » a été jetée dans les bras de ses frères ennemis par le gouvernement. Un gouvernement qui n’a pas l’air de comprendre l’intérêt de corps intermédiaires, veut renverser le statut et, qui plus est, le faire par ordonnances.
Faux problème
Secrétaire fédéral de SUD Rail, il s’exprime souvent au nom du syndicat mais n’en est pas le seul porte-parole. S’en prendre au statut, pour lui c’est se focaliser sur un faux problème. « Le statut, disait-il dernièrement à Libération, ne fait aucunement exploser la masse salariale » . Quant à la retraite, il remarque que, les annuités requises étant les mêmes que dans le privé, les cheminots renoncent de plus en plus à partir tôt, avec une « retraite de misère ». Mais ça, les retraites, c’est le combat futur.
D’aucuns la disent techno
Elle a été PDG de la RATP, elle a aussi été directrice de la stratégie de la SNCF de 2002 à 2007 et connaît bien l’entreprise que le gouvernement a entrepris de réformer. Une réputation de très solide « techno » plus que de politique. Le Canard enchaîné avance que cette ancienne directrice de Ségolène Royal serait considérée comme un peu trop proche du PS par le Premier ministre. Très vite, en recevant le rapport Spinetta, elle a indiqué qu’il fallait mettre de côté la question des petites lignes. En phase avec le Premier ministre. Pas la peine d’accumuler les sujets qui fâchent. Sur ce sujet au moins, au gouvernement, on s’accorde.
Frustré du cadre social harmonisé
« S’il y a quelqu’un qui peut moderniser la SNCF, c’est bien lui ». Que de fois on a entendu cette phrase ! C’est depuis des années la force de Pepy, de connaître par coeur la maison, de respecter sa façon d’être tout en cherchant à la transformer. Dernier exemple, la négociation pour le cadre social harmonisé. C’était du temps de François Hollande. Le ministre Vidalies l’a lâché. Résultat : la « modernisation » stoppée net revient de plus belle à la demande d’un État qui veut renverser les tabous plutôt que les contourner.
En première ligne
Le nouveau DRH de la SNCF sera en première ligne lors des discussions autour du statut et des conditions de travail des cheminots. Pour la direction de la SNCF, le statut fige l’organisation du travail et est un facteur de surcoût. Notamment, la hausse mécanique des salaires, liée au GVT (glissement vieillesse technicité) se traduit par une hausse de la masse salariale de 2,4 % par an contre 2 % en moyenne dans le secteur des transports.
La concurrence, c’est maintenant
Avec ses services, le patron de la DGITM prépare de longue date les grandes échéances du ferroviaire : ouverture à la concurrence, évolution du statut de l’entreprise, financement des infrastructures, scénarios de reprise des dettes… Des dossiers qu’il est souvent amené à partager avec Bercy. Ancien conseiller de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris, puis directeur de cabinet adjoint de l’ancien ministre des Transports Frédéric Cuvillier, sur une période assez brève, le directeur de la DGTIM (depuis 2014) n’a jamais montré d’allant excessif sur les sujets touchants à l’ouverture à la concurrence. Mais les temps ont changé, les ministres aussi. Maintenant, il faut y aller…