Réseau de chercheurs en sciences sociales spécialisés dans le ferroviaire, Ferinter a tenu son troisième colloque international les 6 et 7 octobre dernier à Dijon. L’occasion d’évoquer la genèse de cette association dont les travaux consistent à analyser partout dans le monde les restructurations à l’oeuvre dans le ferroviaire et leurs implications sociales. Georges Ribeill, administrateur de Ferinter, a demandé à son président Marnix Dressen, professeur de sociologie à l’université de Versailles-Saint- Quentin-en-Yvelines, de retracer l’objet et l’historique de Ferinter et à Patricia Perennes, économiste à la direction de la Stratégie (Epic SNCF de tête), de résumer la teneur des communications et échanges du colloque dijonnais.
L’histoire de Ferinter/International Railway Studies est courte mais riche. Elle débute en février 2013 à l’École normale supérieure de Cachan. En provenance de diverses universités, une petite dizaine de chercheurs ou d’apprentis chercheurs, inspirés par l’expérience d’un réseau de recherche international sur l’automobile (Gerpisa), décident de fonder une association dont l’objet sera l’étude des restructurations des transports ferroviaires dans le monde, privilégiant une approche internationale et pluridisciplinaire. Depuis lors, Ferinter s’est développé assez rapidement. Une liste d’affiliés est inscrite dans un « Googlegroup », qui permet l’envoi de mails à tous, ce qui donne accès à une revue de presse internationale quotidienne, parfois en trois langues, à des appels à articles ou à communications, et de temps à autre à des débats entre les affiliés.
Quel est le profil sociologique de ces affiliés ? On y compte des universitaires enseignantschercheurs (historiens, sociologues, économistes, juristes et politistes), des doctorants, consultants, syndicalistes, techniciens et cadres du ferroviaire. Ferinter compte essentiellement des personnes travaillant en France, mais aussi des représentants de plusieurs pays (Argentine, Belgique, Roumanie, Maroc, Burkina Faso, Sénégal…). Ils partagent un intérêt intellectuel et parfois affectif pour les chemins de fer, leurs restructurations et leurs personnels dans leur diversité. L’idée est souvent de comprendre ce qui se passe en replaçant aussi souvent que possible les changements en cours dans une perspective diachronique, en remontant même aux fondements historiques des réseaux. Quelques membres privilégient la comparaison internationale comme méthode de décryptage des orientations qui prévalent actuellement. Pendant trois ans, Ferinter a fonctionné de manière plutôt informelle, en cherchant à s’associer avec d’autres membres et éventuellement d’autres entités, voire institutions (laboratoires, universités, etc.).
Plus récemment, en créant une association 1901 (JO du 9 juillet 2016), Ferinter a voulu formaliser son existence et son fonctionnement en vue de signer des contrats de recherche, d’organiser plus facilement ses manifestations scientifiques, de gagner en autonomie, tout en consolidant les partenariats déjà existants. Ferinter n’a pas d’orientation politique particulière et un des principes clés de son fonctionnement est la tolérance pour les opinions divergentes, ce qui ne signifie pas l’absence de discussions, mais toujours respectueuses des autres points de vue. Devenir membre n’est guère compliqué. Il suffit de se faire parrainer, ou bien d’envoyer un mail à l’adresse de contact avec un bref CV. S’il n’y a pas d’objection des membres de l’association à la nouvelle adhésion, le candidat est intégré une fois sa cotisation réglée.