Des appréciations subjectives, insultantes ou dégradantes, portées sur un listing et concernant cinquante agents de Paris-Saint-Lazare ont alerté syndicats et direction. L’incident a été l’occasion d’un rappel au respect des règles d’éthique de l’entreprise.
côté sécu », par exemple), sur leur appartenance syndicale, voire des informations sur leur vie privée ou leur fragilité psychologique… Un listing annoté à la main, vraisemblablement par un dirigeant de proximité, a fait réagir début novembre les organisations syndicales CGT et SUD-Rail de Saint-Lazare. « Anonymement déposé dans la boîte aux lettres » d’un de ses élus début novembre, précise la CGT, qui a « décidé d’informer par voie de tract les cheminots », cette liste, semble-t-il, était destinée à son successeur. Elle remonterait à un an et sur l’ensemble du personnel de la gare, 50 agents, précise encore le syndicat, y sont ainsi catalogués. Une révélation que la direction elle aussi a « prise très au sérieux », déclenchant rapidement une série de mesures. Et d’abord une lettre d’excuse du patron de l’UO dénonçant fermement « de telles pratiques ». Une enquête éthique indépendante était aussi annoncée dès le 17 novembre, précise encore une porte-parole de la direction Transilien. Et en attendant, deux dirigeants avaient été rapidement éloignés du service. « C’est une manière de les condamner. Mais aussi de les protéger pour qu’ils ne se trouvent pas obligés de s’expliquer devant les agents, considère Christophe Abadi, représentant fédéral SUD-Rail.
Si ces annotations ont parfois un caractère particulièrement blessant, une telle liste, selon lui, ne serait pas une première. Conducteur en service à Saint- Lazare il y a quatre ans, il affirme qu’existaient par exemple « une liste rouge et une liste verte » séparant les personnels « qui adhéraient aux modifications du service et les plus récalcitrants à les accepter. Les agents en avaient connaissance », poursuit- il. Selon lui, « les dirigeants ne cherchaient pas à en cacher l’existence. C’était un moyen de pression ». Dans le cas de ce «mur des cons » révélé en novembre, analyse Christophe Abadi, « le pire est qu’un dirigeant ne voie même pas ce qu’il y a d’anormal à établir et à laisser traîner une telle liste. Cela révèle de grosses erreurs de casting ». Plutôt qu’une sanction disciplinaire de la direction – « quelques jours de mises à pied qui ne changeront rien » – son syndicat souhaite « que ces gens ne dirigent plus d’équipe ».
Pour la CGT Cheminots, « des sanctions justes doivent être prises (…) » mais il ne faudrait pas non plus que « le (ou les) auteurs ne servent que de fusible. » Elle pointe un encadrement de proximité « qui n’est pas épargné car c’est à lui de gérer le quotidien sans moyens suffisants. S’y ajoutent toujours des objectifs impossibles à atteindre », poursuit le syndicat dans un communiqué de précisions à la suite d’articles parus dans la presse. Le dispositif de désamorçage de la direction en tout cas ne s’est pas arrêté là. L’ensemble du management devait être rappelé au respect de l’éthique de l’entreprise et un « vrai programme de prise en charge » était annoncé : comportant un CHSCT extraordinaire, des entretiens individuels pour les agents avec leur responsable RH et des propositions de suivi médical et psychologique, « afin que cela ne se reproduise plus ».