Dans une lettre envoyée le 4 juin au président de la République et au Premier ministre, SUD Rail tire la sonnette d’alarme sur les risques générés, selon le syndicat, par le projet de réforme ferroviaire.
Les six syndicalistes signataires (trois étant au conseil d’administration de SNCF Réseau ou de SNCF Mobilités, deux au conseil fédéral de SUD Rail, et un à la retraite, également membre du comité de lecture de la revue Travailler) expliquent que, à la différence de l’aérien ou de la route par exemple, « le système ferroviaire n’est pas assimilable aux autres services publics ou privés en réseau » puisque le développement du réseau ou sa maintenance doivent se faire sans cesser l’activité et qu’il « faut coordonner des services très différents (locaux/longue distance, rapides/ lents, zones denses ou pas…) sur un réseau entier interconnecté (contrairement aux lignes de métro ou de tramway parcourues par des matériels homogènes et dédiés, sans planification des circulations) ».
Or, rappellent-ils, la politique suivie depuis 20 ans a eu pour effet de « démembrer » le système ferroviaire, du fait de l’éclatement du groupe en trois Epic, de l’externalisation de « services entiers » dans des filiales et d’un recours « massif » à la sous-traitance.
Cette absence de « vision-système » se traduit par un surcoût évalué, selon eux, à 2 à 3 milliards d’euros annuels. À cela s’ajoutent des risques pour la sécurité et une perte de robustesse et de qualité des services, écrivent-ils.
Enfin, SUD Rail s’alarme pour la santé psychique des cheminots qui « plongés dans des réorganisations incessantes qui cassent les collectifs, isolent chacun dans la compétition avec l’autre, exigent de dégrader la qualité du travail pour faire la productivité, conduisent aux pathologies identifiées cliniquement comme relevant de la souffrance au travail ».
Les signataires estiment que le projet de pacte ferroviaire intensifie ces risques en fixant notamment « des objectifs impossibles et en engageant les cheminots dans une compétition généralisée pour éviter le licenciement ou le transfert chez le concurrent ».
Une mise en garde qui « devrait parler à tous ceux qui connaissent ou s’intéressent vraiment au fonctionnement du système ferroviaire », estime l’un des signataires