Par Philippe Dumont, conseiller Affaires internationales de la Fédération des industries ferroviaires (FIF).
On a pu lire encore très récemment dans les colonnes d’un grand quotidien économique des développements suivant lesquels le ferroviaire est un mode de transport structurellement déficitaire et qui, au-delà de « quelques domaines de pertinence » qui peuvent être conservés, doit être accompagné dans son inexorable déclin, avec les soins palliatifs (toute idée de modernisation est exclue) les moins chers possible pour la collectivité.
Il est vrai que dans le contexte actuel qui prévaut pour le ferroviaire français, la tentation peut être forte pour certains de voir dans ce mode un mode du passé et dépassé car, trop lourd, trop coûteux, et également sociologiquement obsolète, comparé aux modes « doux » qui ont de fait, monopolisé le devant de la scène des Assises sur la mobilité cz-lekarna.com.
La FIF ne partage pas cette vision de désolation. Pour parler du ferroviaire en 2018, il faut s’affranchir un moment de nos tropismes hexagonaux, et examiner la situation internationale.
Le chiffre d’affaires mondial du secteur est passé de 35 milliards d’euros au milieu des années 90 à plus de 160 milliards en 2017. Pourquoi une telle croissance alors que ce mode de transport, selon certains, « n’est plus le facteur de progrès merveilleux qu’il a été » ? Parce que tout simplement, il correspond aux besoins résultant de la forte augmentation de la population mondiale urbaine et de sa concentration accrue dans de grandes agglomérations. Rien qu’en Chine, il existe aujourd’hui plus de 100 villes d’un million d’habitants, et plus de 600 dans le monde. Or, la majorité de ces villes ne possèdent pas de systèmes de transport collectifs de type TCSP adaptés à leurs besoins, tandis que la pollution n’y fait que croître, que les voies routières et autoroutières y sont de plus en plus congestionnées et que les prix de l’immobilier flambent dans les centres-villes et leur première couronne.
En fait, seul le ferroviaire permet, et permettra au cours des décennies à venir, le mass transit quotidien et périodique de ces énormes flux de déplacement des populations.