À l’occasion du colloque Rail 2020, le chercheur en géographie Pierre-Henri Emangard est revenu sur quarante ans d’évolution du trafic ferroviaire dans les principaux pays d’Europe de l’Ouest. La France s’y distingue par des trafics et parts de marchés à la baisse.
L’excellence ferroviaire française, réalité ou mythe ? Au vu des statistiques concernant les transports ferroviaires en Europe entre 1970 et 2010, la France mériterait plutôt « la cuillère de bois dans tous les domaines », pour reprendre l’expression utilisée par le chercheur en géographie Pierre-Henri Emangard, le 28 septembre, lors de la séance ouvrant la première partie du colloque Rail 2020, organisé par la Fnaut et notre confrère Mobilettre. Dans son exposé intitulé « Le rail en Europe : la singularité française », Pierre-Henri Emangard reprend les statistiques ferroviaires sur lesquelles étaient basées les comparaisons concernant la France et ses voisins occidentaux de taille comparable, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie et Espagne, ainsi que quelques réseaux « intéressants » vu l’importance de leur trafic ferroviaire, comme la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse, l’Autriche ou la Suède. Les statistiques sont celles du Forum international des Transports, publiées par l’OCDE, sur une période se terminant en 2010, la comparaison se faisant avec 1970 et l’an 2000.
De quoi évaluer d’une part l’évolution par rapport aux dernières années du « train à l’ancienne », celui d’avant l’arrivée du TGV et l’effondrement du fret traditionnel, et, d’autre part, les tendances des années 2000, avec sur certains réseaux l’ouverture progressive des marchés à la concurrence. Des comparaisons tant pour le fret que les voyageurs, en trafic absolu comme en parts de marché. En absolu, le trafic voyageurs sur rail ne se porte pas mal en France : grâce à sa taille étendue, elle se place première en voyageurs-km, devant l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Globalement, ce trafic a été multiplié par deux en quarante ans, en grande partie grâce au TGV. Pourtant, la moitié de nos voisins font au moins aussi bien, alors que tous ne sont pas passés à la grande vitesse. Et il n’est pas évident que la France reste longtemps première : si on fait le zoom entre 2000 et 2010, elle est le seul pays à connaître une baisse. Côté fret, l’effondrement est général en France sur toutes les périodes, alors que la moitié des autres pays étudiés connaissent une hausse de 1970 à 2010 et que l’Espagne et l’Italie sont les seules à baisser avec la France après l’an 2000. En regardant le niveau général d’activité, qui associe les trafics voyageurs et fret, la