Freiné ces dernières années et encore en 2018 par des contraintes financières (budget de l’État et entreprises du BTP en manque de liquidités), le réseau ferré à grande vitesse espagnol (AVE) a dû également faire face à des aléas techniques (géologie, malfaçons). Sauf nouveaux revirements de la scène publique ibérique, 2019 doit amener un rebond sur quelques sections, notamment sur Venta-de-Baños – Burgos (91 km), un tronçon essentiellement à voie unique, sur lequel un pont a dû être reconstruit et qui devrait être mise en service en 2019. Ou encore sur les tunnels de Pajares (entre Madrid-León et les Asturies), deux tubes de 25 km chacun déjà forés, qui seront équipés l’un avec écartement UIC, l’autre sera mixte (UIC et ibérique). Le montage des voies doit démarrer, le contrat ayant été passé en juin 2018. Sur la liaison Antequera – Grenade (114 km), une jonction AVE provisoire sera ouverte en juin 2019, a promis José-Luis Abalos, ministre du Développement. Privée de liaison directe depuis 2015, la ville andalouse sera dès lors à 3 heures de Madrid. Enfin, la ligne AVE Monforte – Murcie (62 km) devait être livrée dès 2017, mais la pression pour un terminus en souterrain repousse l’échéance à 2020.
D’autres tracés demeurent en travaux comme le tunnel AVE entre les gares d’Atocha et de Chamartin, à Madrid, ces deux terminaux devant remodeler leurs voies grande vitesse. D’autre part, depuis Barcelone vers le sud jusqu’à Almería, le « Corridor Méditerranée » à écartement UIC se précise : sections nouvelles et mises à trois files de rails des voies existantes. Ensuite, la ligne AVE directe entre Madrid et la Galice avance au nord-ouest avec un chantier central sur le maillon Zamora – Orense. Le gestionnaire des infrastructures Adif annonce enfin pour 2020 la nouvelle ligne à l’ouest entre Plasencia et Badajoz, 164 km qui rapprocheront le Portugal de la capitale via l’Estrémadure. Quant au « Y basque », longtemps gelé pour des considérations financières et techniques à la jonction de ses trois branches près de Mondragón, il serait prêt en 2024.
Côté services, le projet Renfe de train à grande vitesse low-cost « EVA » qui devait être essayé en mars 2019 entre Barcelone et Madrid, a été ajourné car « non-réaliste ». Même sort pour les convois de Ilsa (Intermodalidad de Levante SA) prévus entre Montpellier et Madrid par cette filiale d’Air Nostrum : des tracasseries juridico- administratives ont empêché leur démarrage dès le 5 octobre dernier, et aujourd’hui les rames nécessaires (les AVE S 100R d’Alstom) font défaut.