La chaîne documentaire RMC Découverte diffuse cette semaine un film sur un chantier qui a profondément changé le coeur de Paris, celui du quartier des Halles. Probablement, le chantier le plus important des 50 dernières années dans la capitale. Le site a été pendant 800 ans occupé par un marché bien connu des Parisiens. Il a connu nombre de transformations au fil de son histoire. Sous le IIIe Empire, le Baron Haussmann charge l’architecte Baltard d’y construire de larges halles pour mettre un terme au joyeux désordre qui régnait alors dans le marché. Ces halles furent longtemps le visage de ce que le romancier Émile Zola nommait dans son roman éponyme Le Ventre de Paris. Mais, dans les années 60, la décision est prise de déménager le marché vers Rungis, signant de facto la mort du quartier tel qu’on l’a connu jusqu’ici. Les Halles sont détruites et font place à un gigantesque trou qui doit accueillir la toute nouvelle gare RER et un imposant centre commercial. Mais cette révolution ne fonctionne pas comme prévu. Les Parisiens ne s’approprient pas ce nouveau lieu, mal conçu et vécu comme anxiogène par les gens qui y passent. Avec l’explosion du trafic voyageurs dans la capitale, la gare devient rapidement sous-dimensionnée.
Une restructuration du site était devenue inévitable. Un ambitieux projet de rénovation a été lancé par la Mairie de Paris. Après 8 ans de travaux affichant un coût d’un milliard d’euros, l’ensemble du quartier est transformé. La canopée dont le poids est évalué à plus de 7 000 t (autant que la tour Eiffel) est devenue le nouveau symbole du centre de Paris. Pour parvenir à soutenir cette énorme structure de verre et de métal, il a fallu complètement repenser la structure du gigantesque bloc de béton qui abrite le deuxième centre commercial le plus fréquenté de France et la plus grande gare souterraine du monde. Sur 57 poteaux auscultés par les ingénieurs, 17 menacent de s’écrouler au moment de déposer la canopée. Il faut donc consolider les poteaux qui lui permettent de bien rester ancrée au sol.
Les flux ont dessiné le projet. L’enjeu principal est d’assurer au quartier sa fonction de lien entre le centre et la périphérie, entre la ville et sa banlieue. Dans ce contexte, la gare, avec ses trois lignes RER (A, B et D) et ses cinq lignes de métro (1, 4, 7, 11 et 14), dont la salle d’échanges est située au niveau – 4 et les quais au niveau – 5, doit aussi se réinventer. Depuis sa mise en service en 1977, on recense trois fois plus de voyageurs. Aujourd’hui, sa salle d’échanges voit transiter quotidiennement environ 800 000 voyageurs. Et le trafic ne cesse d’augmenter. Il a donc fallu rénover et moderniser la gare et doubler sa surface. Commencée en 2013, cette rénovation a permis de faciliter les flux de voyageurs, via la création d’un accès direct à la salle d’échanges depuis la porte Marguerite-de-Navarre, le prolongement de deux accès existants du Forum des Halles vers la salle d’échanges du RER. L’ensemble de la signalétique a été également repensé.
Le quartier – l’un des plus densément peuplé de la ville – a posé aux ingénieurs de nombreuses contraintes en termes de réduction des nuisances pour le voisinage et les commerçants. Le manque de places de stationnement oblige les promoteurs du projet à établir un plan de logistique complexe. Autre contrainte de taille : le centre commercial et la gare devaient continuer leurs activités durant toute la durée des travaux. Ainsi pour les travaux de consolidation des poteaux qui soutiennent la structure, les équipes ne pouvaient travailler dans la gare que de 2h à 5h du matin, afin de ne pas déranger les circulations. Un tour de force.
Jeudi 22 novembre à 20h50 sur RMC Découverte. « Le chantier des Halles : un défi hors normes » de Lionel Langlade. Bonum Productions et Peignoir Prod avec la participation de RMC Découverte. (France, 2018, 70 mn)
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