Coup de théâtre dans l’histoire tumultueuse de la transformation de la gare du Nord à Paris : la SNCF a décidé d’abandonner le projet commercial de la gare du Nord, a révélé RTL le 21 septembre. Dans un communiqué publié aussitôt, SNCF Gares & Connexions a confirmé à mi-mots l’information, se disant “inquiète de l’évolution du dossier du projet de transformation de la gare du Nord” et indiquant “qu’une décision sera prise très prochainement sur le devenir de cette concession“.
Plus précisément, le projet était en train de connaître un dérapage financier considérable. Initialement évalué globalement à 600 millions d’euros, il se monterait aujourd’hui à plus d’1,5 milliard d’euros. SNCF Gares & Connexions raconte en avoir été informé en juillet par le concessionnaire StatioNord. Celui-ci lui a également indiqué que le projet connaîtrait un retard considérable ne permettant pas de respecter les échéances des Jeux Olympiques et de la Coupe du Monde de Rugby. “Ces perspectives très dégradées préoccupent bien sûr fortement SNCF Gares & Connexions quant à la capacité de son partenaire à mener à bien ce projet”, souligne le gestionnaire des gares qui a demandé “des comptes” à StatioNord.
Rappelons que le projet de transformation de la gare du Nord, mené par SNCF Gares & Connexions et la foncière d’Auchan, Ceetrus, dans le cadre d’une société à économie mixte baptisée StatioNord (34 % des parts à la SNCF, 66 % pour Ceetrus), prévoyait d’agrandir fortement la gare en la faisant passer de 35 000 à 110 000 m² et, à l’intérieur, de multiplier par cinq les surfaces commerciales, allant de 3 600 à 19 890 m2 . Parmi les nouveautés, outre des commerces, il était prévu des bureaux, des équipements culturels, une salle de sport, un parking à vélos de 2 000 places, une grande nef transversale ou encore un toit terrasse végétalisé d’un hectare.
Les opposants au projet (en première ligne la mairie de Paris, mais aussi des associations de riverains, des urbanistes et des architectes) ont réussi à plusieurs reprises dans un passé récent à retarder le calendrier. La Ville avait ainsi déposé un recours en septembre 2020 après la délivrance du permis de construire, mais un accord avait finalement pu être trouvé deux mois plus tard après un réaménagement du projet. A la suite d’un appel d’offres, Bouygues Bâtiment Ile-de-France avait été retenu en début d’année comme « attributaire pressenti des travaux de rénovation » de la gare du Nord. Mais le calendrier semblait déjà plus que difficile à tenir dans la perspective des JO.
Ce nouveau rebondissement en annonce d’autres, à commencer par des recours juridiques. Il pourrait ternir un peu la fête que Gares & Connexions prépare pour inaugurer le 24 septembre sa gare Montparnasse enfin remise à neuf après plusieurs années de travaux.
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