Ingénieur spécialisé en géotechnique et génie civil, elle mène, tel un chef d’orchestre, des chantiers pharaoniques du Grand Paris Express. Rencontre.
C’est un chantier hors normes qu’elle mène de bout de bout, un sacré défi technique à relever, certes en s’appuyant sur une équipe, mais avec le titre de directrice opérationnelle et les responsabilités qui y sont liées. Au sein de la direction de la modernisation et du développement de SNCF Réseau, Hélène Dehais, 33 ans, ingénieure de formation, est chargée de mener à bien, entre autres projets, le chantier de l’interconnexion entre le RER C et la future ligne 15 Sud du Grand Paris Express, en gare des Ardoines à Vitry-sur-Seine (Val-de- Marne), futur pôle multimodal. Des travaux colossaux engagés depuis le printemps 2017 par SNCF Réseau pour construire et mettre en place le couloir de correspondance entre les deux modes de transport. Depuis, tel un chef d’orchestre, cette diplômée de l’École Polytech’Lille en géotechnique et génie civil coordonne les différents intervenants sur le chantier pharaonique (120 personnes mobilisées), sans oublier les relations avec les municipalités concernées, le tout en tenant les délais. Qualités requises ? Être organisée, méthodique, diplomate, autoritaire si nécessaire, tout en sachant aussi faire preuve de souplesse.
« C’est passionnant de voir un projet sortir de terre », commente la jeune femme. De la terre, il a fallu en creuser à toutes les étapes de la construction, depuis celle de l’enceinte étanche (mai 2017) en raison de la faible profondeur de la nappe phréatique, à celle du passage souterrain. « Au plus fort du déblaiement, 5 500 m³ de déblais ont été évacués et stockés sur site. C’était un ballet incessant de camions : un toutes les 90 secondes ! »
Il a fallu ensuite bâtir la « boîte gare » du Grand Paris Express. Elle a servi ensuite à accueillir le cadre du futur passage souterrain, une structure en béton armé de 3 500 t (de novembre 2017 à mai 2018). Passionnée de génie civil et d’ouvrage d’art, Hélène ne craint pas les défis techniques. « Il faut simplement tout prévoir, jusqu’au moindre détail, même les aléas, les imprévus… Mais à chaque problème, sa solution. Il peut y avoir des difficultés bien sûr, mais cela donne du rythme au projet. » Du stress aussi, « par moments », reconnaît- elle. « Mais malgré les contraintes, j’aime travailler sur de tels projets. Le Grand Paris Express, c’est vraiment enthousiasmant ! »
Justement, une étape cruciale a été franchie avec succès le weekend du 19 au 21 mai 2018 : le ripage du cadre (35 m de long, 7 m de haut, 10 m de large) du passage souterrain jusqu’à son emplacement définitif sous les voies SNCF. Une étape programmée trois ans plus tôt, préparée depuis un an et à exécuter, avec toutes les opérations préparatoires, en 54 heures seulement, à partir du samedi matin 19 mai. Vitesse de ripage : quatre mètres par heure…
Après cette opération coup de poing (« qui a été bouclée le lundi après-midi, avec de l’avance sur le planning »), les circulations ferroviaires ont repris dès 16 h 35. Mais le chantier se poursuivra jusqu’à mi-2019 : élargissement et aménagement des quais, réalisation des accès au passage souterrain, achèvement des travaux de voie. « La nouvelle gare des Ardoines, c’est un plus dont les voyageurs pourront bénéficier dès l’an prochain : la mise en service est prévue pour l’été 2019. » Pour Hélène et son équipe, ce sera alors mission accomplie.