Pour l’ancien ministre de l’Environnement, président de l’institut Momentum, cela ne fait aucun doute : la société que nous connaissons va s’effondrer. Et l’effondrement sera mondial. Les convictions des collapsologues font parfois frémir… et parfois sourire. Des responsables les prennent cependant au sérieux et se gardent bien d’écarter une hypothèse somme toute plausible. Le think tank de la SNCF, le Forum Vies Mobiles, a confié une étude à Momentum sur l’Îlede- France en 2050, après l’effondrement. Entretien croisé avec Yves Cochet et Sylvie Landrière, codirectrice du Forum Vies Mobiles.
La Vie du Rail. Pourquoi avoir demandé à Momentum de travailler pour le Forum Vies Mobiles ?
Sylvie Landrière. Le sujet du Forum Vies Mobiles, ce ne sont pas les transports en tant que tels, c’est, plutôt : qu’est-ce que cela fait de se déplacer, quel est l’impact des déplacements, en particulier sur la vie des gens, leur santé, leurs relations sociales. C’est aussi : comment on peut imaginer un futur plus soutenable et plus désiré. Nous avons l’habitude de financer des recherches en sciences humaines et sociales, mais elles ne s’intéressent qu’au passé ou au présent. Difficile de faire la preuve du futur… et on risque de se livrer à la projection d’une idée préconçue, soit souhaitée, soit crainte. De plus, le système académique fait que ces études sont menées discipline par discipline. Nous avons malgré tout décidé de réfléchir au futur. C’est pour cela que nous sommes très intéressés par la posture des collapsologues. Ils formulent une des hypothèses envisageables ; ce n’est pas la seule, mais nous la trouvons extrêmement plausible, au moins localement ou partiellement. Et ils ont le gros avantage de ne pas s’intéresser à une discipline mais à un système.
LVDR. Et pourquoi faire un zoom sur l’Ile-de-France ?
S. L. Nous prenons le contrepied de la tendance officielle du ministère de l’Équipement, qui voudrait qu’il n’y ait pas de limite : plus c’est concentré, plus c’est dense, plus c’est économique et plus c’est efficace… La densité humaine de Paris intramuros est aujourd’hui la plus forte au monde, mis à part certaines villes indiennes ou indonésiennes au développement incontrôlé. Il est étrange que l’on veuille continuer à se densifier, alors que, au plan environnemental, il semble clair que ce système n’est pas résilient. Il y a trois ou quatre ans,