Dans le cadre de sa journée Spécial Égypte, programmée le lendemain de Noël sur la chaîne culturelle franco-allemande, le rail se fait une petite place à l’ombre du Sphinx et d’Oum Kalthoum avec la rediffusion d’un épisode de la série documentaire ferroviaire Un billet de train pour… consacré au Delta du Nil et oblitéré la première fois le 2 novembre 2010. Berceau d’une civilisation unique, le delta du Nil a toujours été le centre agricole, commercial et culturel de l’Égypte. L’ancienne colonie britannique a reçu en héritage un réseau ferré de plusieurs milliers de kilomètres qui constitue encore aujourd’hui le moyen de transport le plus sûr et le plus efficace du pays, malgré un manque chronique d’investissements, entraînant une carence de maintenance des matériels et des infrastructures. 200 millions de voyageurs l’empruntent tous les ans.
Le voyage débute dans la deuxième ville du pays, le port d’Alexandrie, cité mythique fondée par Alexandre le Grand où l’on visite la nouvelle bibliothèque, qui perpétue le mythe antique. C’est de sa gare centrale qu’est parti en 1854 le premier train d’Afrique, surnommé le Train des pharaons. Construit au départ pour accélérer le transport postal entre l’Inde et la Grande-Bretagne, le réseau égyptien se concentre essentiellement dans cet espace restreint du delta, qui occupe seulement 3% de la surface totale du pays, mais qui regroupe un tiers de la population active du pays.
Seconde étape : la gare de Tanta, noeud ferroviaire important, qui accueille 250 trains par jour et 50 000 voyageurs par jour. La visite de la salle d’attente pour les voyageurs prestigieux en impose !
Encore 90 kilomètres à parcourir avant d’arriver au Caire, mégapole de 20 000 d’habitants, par la ruche ferroviaire qu’est la gare Ramsès. La gare contée par Youssef Chahine en 1958 dans son film Gare centrale s’apprête à subir un profond bouleversement avec sa modernisation qui – à l’instar de ce qu’il se passe partout- fera la place à de nouveaux usages avec la création d’un centre commercial et de bureaux.
Puis direction la gare d’Ismaïlia, que le train rallie après trois heures de voyage. La ville fondée à l’occasion du percement du canal de Suez entretient toujours le souvenir de ce chantier titanesque, où près de 120 000 ouvriers ont perdu la vie. Aujourd’hui, l’infrastructure nationalisée en 1956 par Nasser constitue l’une des plus importantes ressources de devises du pays avec le tourisme et les hydrocarbures.
La fin de ce périple longe le canal jusqu’à la gare de Port-Saïd, son terminus, où d’imposantes mosaïques à la gloire des transports égyptiens accueillent les voyageurs.
Le documentaire nous permet également de rencontrer ces personnages qui font le rail égyptien, comme Mohammed Abdel Hamid, ce cheminot qui entretient les voies avec des moyens dérisoires, seul, douze heures par jour, il parcourt à pied 6,5 kilomètres de voies. Cadre de la compagnie national, du Musée égyptien des chemins de fer, membre de l’Association des amis du chemin de fer égyptien ou garde-barrière : autant de points de vue différents sur une aventure industrielle commune. Le réseau ferroviaire égyptien souffre de la vétusté de ses infrastructures comme de celle des matériels qui y circulent, mais il demeure très populaire auprès des égyptiens comme en témoignent les récits des voyageurs croisés.
L’occasion également de découvrir quelques exemples de la richesse culturelle que le pays offre à ses visiteurs, d’une brûlerie de café centenaire à la pyramide de Gizeh en passant par la mosquée soufi de Tanta qui accueille des milliers de pèlerins tous les ans ou juste à côté de la gare centrale du Caire, le Musée égyptien du chemin de fer, inauguré par le roi Farouk en 1933, qui conte l’histoire du rail, de sa naissance au Royaume-Uni à son développement dans le pays africain. Parmi les 700 pièces du musée, les visiteurs découvrent notamment la locomotive personnelle de Saïd Pacha, fabriquée en 1862 par la compagnie anglaise Stephenson, et richement décorée. Autre site incroyable, l’épave du navire britannique le Thistlegorm, qui repose au fond de la mer Rouge accueille près de 100 000 plongeurs par an. Ils sont venus admirer notamment cette locomotive à vapeur, censée assurer le ravitaillement des soldats britanniques combattant Rommel, et qui sert aujourd’hui de refuge pour poissons et coquillages.
Mardi 26 décembre à 16 h 05 sur Arte.
Un billet de train pour… Le delta du Nil.
Réalisation : Alexander Schweitzer (2010)
43 minutes.
