En Bolive, à Uyuni, petite ville au bord du célèbre désert de sel éponyme, l’âge d’or ferroviaire est mort depuis longtemps. Reste un incroyable cimetière de train et des souvenirs… notamment de délicieuses papa rellena !
Uyuni, petite ville poussiéreuse perdue de l’altiplano, dans le sud-ouest de la Bolivie, pourrait servir de décor à un bon western. Si ce n’est que la culture est quechua, et non cherokee ou comanche, et que vous êtes ici à plus de 3600 mètres au-dessus du niveau de la mer. Pour compléter le tableau, un lieu étonnant dans les faubourgs de la ville, à moins de deux kilomètres du centre, contribue à l’étrangeté de l’endroit : le cementerio de trenes, le cimetière de trains. Pour trouver cet endroit, c’est facile, suivez la ligne de chemin de fer à partir de la petite gare jaune et bleu d’Uyuni en direction du sud, jusqu’à la jonction des deux lignes qui s’en vont respectivement vers l’Argentine et le Chili. La première impression est forte: on se croirait plongé dans une œuvre de Salvador Dali. Il y a quelque chose de surréaliste dans ce paysage du bout du monde, battu par le vent, écrasé de soleil, où des dizaines de locomotives, de voitures et de wagons jouissent d’un repos éternel. Leurs carcasses désossées rouillent doucement sous un soleil de plomb le jour, sous un froid glacial la nuit.
Au bout du cimetière, des rails semblent s’enfoncer dans le vide infini du Salar, le désert de sel. Ce sont ceux de la ligne qui relie le port chilien d’Antofagasta à Uyuni, Oruro et La Paz, exploitée par la FCAB (Ferrocarril de Antofagasta a Bolivia). Cette ligne a été construite au début du XXe siècle pour pallier l’absence d’accès à la mer de la Bolivie, suite à la guerre perdue contre le Chili en 1884. Sur des centaines de kilomètres, ces rails s’enfoncent dans des territoires désolés, où ils sont l’unique preuve de la présence humaine. Cet héritage du passé s’effrite doucement. Un projet de musée a bien été lancé, il y a quelques années, afin de préserver ce patrimoine ferroviaire, mais il n’est jamais sorti des cartons et le matériel a été laissé à la rouille et aux pilleurs. Uyuni est le nœud ferroviaire le plus important de Bolivie. La ville a été créée en 1889 en parallèle au chemin de fer naissant, quatre lignes s’y croisent. On y nourrissait l’ambition de faire d’Uyuni un carrefour ferroviaire continental, mais l’absence d’investissement et les difficultés politiques ont brisé ce rêve. Le Railway Café-Bistro fait vivre encore aujourd’hui cet héritage. On y déguste une cuisine bolivienne revisitée au milieu d’un mélange de touristes, venus découvrir le Salar, et d’habitants.
> Recette des papa rellena à découvrir dans notre numéro de la Vie du rail
Cet article est tiré du numéro 3896 de La Vie du Rail.
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