Se croyant investi d’une mission divine, Matuska provoque des catastrophes ferroviaires. Il est arrêté, condamné, sa mort incertaine permet de lui attribuer de nombreux autres méfaits.
« Soyez en paix mes frères, quand viendra le matin, j’irai prier pour le repos de votre âme ».
Ce bon chrétien erre de corps en corps sur le lieu d’une terrible catastrophe. Ce 12 septembre 1931, aux abords de Budapest, l’express de Vienne vient de dérailler au-dessus du viaduc de Bia-Torbagy. Dans son élan, la locomotive a défoncé les garde-corps avant de se précipiter dans le vide, terminant sa course 25 m plus bas. Dans sa chute, la machine a entraîné neuf voitures qui se sont empilées les unes sur les autres au fond du ravin. Le choc est terrible et, rapidement, un incendie se déclare difficile à maîtriser au milieu de la nuit. Ceux qui ne sont pas morts dans le choc périront par les flammes. Dans cet amas de tôles et de ferrailles, il est difficile de retrouver des survivants.
Au milieu de ce cauchemar, il y a pourtant un miraculé, le comte Joseph Palffy, tout étonné de s’en être sorti presque indemne. Rapidement la police et la presse arrivée sur les lieux l’assaillent de questions. L’homme est un peu hagard, encore tout remué par ce qu’il vient de vivre. Quand les journalistes lui parlent de son incroyable chance, « le seul à avoir été épargné », il s’empresse de rectifier. Un autre homme, comme lui, s’en sort sans blessures. Celui qu’on aperçoit un peu plus loin, là-bas dans les décombres.
Avec des habits en partie déchirés, une silhouette évolue au milieu des amas de ferraille. Interrogé à son tour, le rescapé vante pareillement sa chance de s’en tirer à si bon compte : « Pensez donc, si je ne m’étais pas levé de ma place pour trouver du feu pour ma pipe, je ne serai pas passé devant cette porte de voiture restée ouverte. C’est ce hasard qui m’a permis d’être éjecté à l’extérieur au moment de l’accident ».