Les métros, tramways et autobus d’aujourd’hui ne ressemblent guère à ceux qui circulaient encore dans nos villes en 1995. Stylés, accessibles, économes en énergie et respectueux de l’environnement, ils ont pleinement bénéficié de 25 années d’intense recherche et développement. Évocation de ces quelques étapes qui ont changé, en un quart de siècle, la face du transport urbain.
Pendant plusieurs décennies, Paris avait pris l’habitude de voyager au rythme suranné des rames de métro Sprague-Thomson et des autobus Renault TN à plateforme arrière ouverte. Ces antiquités d’avant- guerre, en mouvement permanent, participaient au charme exclusif de la capitale. Des antiquités si robustes, qu’on aurait pu les croire taillées pour affronter l’éternité ! Sans doute aussi que le mirage du « tout-automobile » n’incitait pas trop les décideurs d’alors à se précipiter d’investir pour les remplacer… À mi-parcours des Trente Glorieuses, le vent de la modernisation s’était pourtant remis à souffler, si bien que le dernier TN 4H roulait dans les rues de Paris en février 1971, et la dernière Sprague sur le métro de la capitale en avril 1983. Le progrès avait repris sa marche, avant qu’il ne s’envole carrément au cours des 25 dernières années ! Car jamais les matériels roulants urbains n’auront autant évolué qu’entre la mi-90 et aujourd’hui. Faut-il y voir une nouvelle illustration du phénomène bien connu d’« accélération de l’histoire » ?
En 1995, le « nec plus ultra » de l’autobus parisien s’appelle Renault R 312. L’emmarchement pour y monter ou en descendre semble, certes, plus commode que ceux de nombre de ses prédécesseurs, et la marche à gravir est moins haute, mais l’accès de plain- pied pour les personnes à mobilité réduite reste à introduire sur le marché. Côté confort, les voyageurs ont découvert les sièges antivandalisme, et ne peuvent qu’amèrement regretter ceux des fameux « autobus standard » apparus en 1965, et dont la souplesse du garnissage est restée dans les mémoires. L’ultime « standard » SC 10 de la RATP circulera en mars 2002. Et bien sûr, le R 312 qui lui succède roule encore au diesel, sans système de dépollution..
À cette même époque, les tramways français les plus modernes appartiennent à la seconde génération du TFS (Tramway français standard, qui n’aura d’ailleurs de standard que le nom !). Construite par Alsthom (écrit alors avec un « h »), cette seconde génération, qui se différenciait totalement de la première conçue pour Nantes (et demeurée un « one- shot » !), avait débuté sa carrière neuf ans plus tôt, à Grenoble. À son apparition, ce beau matériel avait fait sensation !