1940-1944 – Quand la SNCF transportait les colis des Français prisonniers de guerre puis des travailleurs en Allemagne.
À partir de juin 1940, 1,8 million de militaires français prisonniers de guerre sont transférés en Allemagne, vers un camp pour soldats (stalag) ou officiers (oflag). En 4 ans, 91,5 millions de colis familiaux, soit 415 500 tonnes, leur sont acheminés par le service des colis postaux de la SNCF, les chemins de fer exerçant depuis 1892, au nom de l’État et sous le contrôle des PTT, le monopole des messageries. Il s’y ajoute, à partir de 1942, les colis pour les requis du Service du travail obligatoire. Indispensable à la solidarité envers les prisonniers de guerre et les travailleurs du STO, le transport des colis postaux est rendu plus difficile encore par les pénuries, les exigences de l’occupant et les bombardements.
C’est à partir d’octobre 1940 que les autorités militaires allemandes autorisent l’expédition de paquets-poste et de colis postaux aux prisonniers de guerre (PG) en Allemagne. Ils transitent par deux centres de regroupement, Paris-La Chapelle-Intérieure en zone occupée (ZO) et Lyon-Vaise en zone non occupée (ZNO). Dès novembre, la propagande allemande exploite le sujet. L’Agence de presse Nora, qu’elle contrôle en sous-main, sollicite l’autorisation de réaliser un reportage photographique à Paris-La Chapelle- Intérieure. Les clichés sont partagés avec une agence allemande qui va de son côté dans les camps de prisonniers photographier l’arrivée des fourgons. Chaque prisonnier peut recevoir un colis postal de 5 kg tous les deux mois et un paquet de 1 kg tous les mois. En 47 mois, jusqu’à la libération de Paris en août 1944, La Chapelle traite 60,3 millions d’objets de messagerie (à 90 % des colis), soit environ 280 500 t chargées à bord de 24 323 wagons. Durant la même période, Lyon-Vaise en achemine 31 millions (à 84 % des colis), soit environ 135 000 t. Le transport des paquets et colis postaux connaît son pic en 1942, avec un total de 29,2 millions d’objets (95 % de colis). Lyon expédie 9 331 058 colis et 413 030 paquets, soit 47 068 t et Paris, 18,4 millions de colis et 1 million de paquets, soit 93 000 t. Novembre 1942 est le plus gros mois de toute la guerre : en vue de Noël, près de 2,4 millions d’objets sont expédiés de La Chapelle à bord de 1 084 wagons. Depuis le 1er janvier 1941, afin de restreindre le flux,