Des critiques contrastées
On doit aux délégués ouvriers mécaniciens un commentaire avisé et critique sur les nombreuses machines exposées, dont la fabrication revenait à leur corporation : machines à vapeur fixes et mobiles, machines-outils, locomotives et locomobiles, etc. Français ou étrangers, les matériels ferroviaires exposés par quelques compagnies et constructeurs n’échapperont donc pas à leur jugement critique, mélange de fleurs et d’épines…
Inaugurée en 1862 lors de l’Exposition universelle de Londres où des ouvriers représentants des professions de la Seine avaient été envoyés, l’expérience sociale sera renouvelée. Soixante économistes, manufacturiers et commerçants composent en novembre 1866 une Commission d’encouragement, présidée par le ministre d’État Rouher. À Paris comme dans les centres manufacturiers et agricoles, des délégués seront élus, sous le patronage de chefs d’usine et d’autorités locales. La mise en valeur des arts et métiers industriels, des professions qui les exercent, exclut que soient représentés des secteurs industriels tels que les mines de charbon ou les chemins de fer. Les compagnies de chemins de fer comme leurs employés et ouvriers restent en marge de cette opération. Membre de la Commission d’encouragement, l’industriel Ernest Goüin, constructeur de locomotives dans ses ateliers des Batignolles, 110, avenue de Clichy, préside le comité qui sera chargé d’organiser les transports nécessaires à l’installation et au bon déroulement de l’exposition. À Paris, 105 professions identifiées nommeront ainsi 315 délégués. Une Commission ouvrière sera chargée d’organiser l’accueil et les visites des délégations. Les délégués provinciaux seront accueillis sur des terrains libres de l’avenue Rapp et à la caserne Sully, hébergés dans des baraquements dotés de châlits à tréteaux de fer prêtés par le ministre de la Guerre, ainsi que de la literie louée à la Compagnie des lits militaires. Il leur en coûtera 1,25 franc par jour, à l’abri des spéculations des logeurs en garni. De même, un vaste restaurant construit dans l’enceinte de l’exposition délivrera environ 3 600 repas par jour au prix moyen de 1,40 franc. Plus de 30 000 personnes bénéficieront de ces conditions de logement et de nourriture à très bon marché.
Les industriels avaient été invités à participer financièrement aux frais engendrés par le transport et le séjour des délégations. Dans le rapport final qui sera présenté en mars 1868 à l’Empereur, Victor Dillais, secrétaire de la Commission ouvrière, évoquera les obstacles que celle-ci eut à surmonter : « Parmi les industriels dont elle sollicitait la générosité, quelques-uns ne voyaient pas sans crainte que les ouvriers de toutes