Désormais englobée dans une région plus vaste, l’Aquitaine, déjà étendue en tant que telle, présente un réseau ferroviaire, né sous l’égide de trois compagnies différentes, aux caractéristiques intéressantes. Nous vous proposons de partir à sa découverte, dans le temps et dans l’espace, avec, pour commencer, une description en détail de son infrastructure.
En 2016, l’actuelle région Aquitaine va englober celles voisines de Poitou-Charentes et du Limousin, en faisant une méga-région la plus importante de France en superficie. Avant cette échéance, il était bon de brosser le tableau ferroviaire de celle qui est demeurée longtemps la troisième région métropolitaine française, derrière Midi-Pyrénées et Rhône-Alpes, avec une superficie de 41 309 km2 couvrant 8 % du territoire. Elle regroupait jusqu’ici 3 232 000 habitants répartis dans cinq départements : Dordogne, Gironde, Lot-et-Garonne, Landes et Pyrénées- Atlantiques (ex-Basses-Pyrénées). À part Bordeaux, la capitale régionale avec 239 000 habitants, ses satellites Mérignac et Pessac, qui en hébergent respectivement 66 000, 58 000, et Pau, fort de 81 000 habitants, les autres villes importantes n’atteignent pas la barre des 50 000. Après un phénomène de dépopulation au début du XXe siècle, un redressement s’est opéré entre les deux guerres avec l’installation d’immigrés italiens venus pour travailler la terre, l’implantation d’Espagnols fuyant la guerre civile, puis de Français évacués des régions frontalières, suite aux événements de 1940, et demeurés dans les lieux.
Ce mouvement s’est poursuivi à partir des années soixante du fait de l’attrait climatique du Grand Sud-Ouest et de son rivage maritime, la Gironde étant toutefois la grande bénéficiaire de la poussée démographique. Composé des anciennes provinces françaises de la Saintonge, Guyenne, Gascogne et du Béarn, c’est une région de contrastes avec une hydrographie abondante (Dordogne, Garonne, Adour et leurs affluents) se jetant dans l’Atlantique, dont la façade va de la pointe de Grave à Hendaye sur 300 km. Disposant des ports de Bordeaux-Bassens, de Bayonne et du Verdon, au point de vue industrie lourde, des foyers métallurgiques épars de petite envergure se sont implantés en divers points (hauts-fourneaux à Pauillac, forges de l’Adour à Boucau et à Fumel). Des raffineries de pétrole se sont installées à Pauillac et Ambès de part et d’autre de la Gironde, une verrerie à Vayres. À partir de 1946, du fait de la découverte d’un gisement gazier, l’Aquitaine a bénéficié de la pétrochimie dans le complexe de Lacq-Mourenx.
Une fabrique d’engrais s’est implantée à Bassens, avec des usines chimiques, un pôle aérospatial à Mérignac et une fabrique d’automobiles Ford à Blanquefort. L’industrie du bois a toujours été dynamique dans les Landes et un peu dans le Périgord (sciage, tranchage), avec des papeteries à Condat-le-Lardin, Facture, Mimizan, Roquefort (Landes), Tartas. Quant à l’agriculture, elle est diversifiée, avec les plantations de maïs et tabac, l’arboriculture (pruneaux), les cultures légumières dans le val de Garonne et la vigne, produisant des crus de qualité (Médoc, Côtes de Bourg-Blayais, Entre-deux-Mers, SaintÉmilion- Pomerol, Graves-Sauternes et Bergeracois). Si les secteurs agricoles et industriels ont perdu de nombreux emplois, la tertiarisation s’est elle grandement accrue. Alors que le thermalisme est présent à Dax, Cambo-les-Bains, Salies-de-Béarn, Eaux-Bonnes, le tourisme estival est porté par le long ruban des plages de la pointe médoquine, des Landes, de la Côte d’Argent et Côte basque, dont les sites d’Arcachon, Hossegor et Biarritz ont été les premiers à connaître l’affluence.
Le Périgord, contrée aux 1 001 châteaux, offre quant à lui une mosaïque de sites de choix, archéologique et gastronomique, attirant les foules y compris la clientèle internationale. Au plan ferroviaire, le chemin de fer a la particularité unique en France, sauf en Région parisienne, d’être né sous la bannière de trois compagnies différentes : le Paris-Orléans et le Midi, ayant fusionné en 1934, et l’État, et ce jusqu’à la nationalisation en 1938. Alors que sur le territoire aquitain il recouvrait 2 524 km de lignes exploitées au moment de son apogée lors des années 30, le réseau géré en 2015 par RFF est tombé à 1 579 km. Comme nous le verrons, de nombreuses lignes à caractère secondaire ont été élaguées très tôt, n’ayant pas résisté à leur faible fréquentation, malgré l’emploi d’autorails.