Il y a 40 ans s’achevait la conversion, du troisième rail à la caténaire, de l’alimentation électrique de la ligne de Chambéry à Modane. Améliorant les conditions d’exploitation comme le rendement des locomotives, elle a permis une formidable expansion du trafic fret comme voyageurs jusqu’à l’orée des années 2000. Par la suite, divers facteurs, dont la concurrence de la route et d’itinéraires alternatifs par la Suisse, ont assombri cette embellie jusqu’à aboutir à une situation actuelle plutôt médiocre que le projet de TELT ne pourra faire évoluer que dans un avenir encore lointain.
Sur le réseau de la SNCF peu de lignes électrifiées ont d’abord été équipées d’un troisième rail conducteur par les anciennes Compagnies puis d’une caténaire. À ce club très fermé appartiennent, après celle PO de Paris-Quaid’Orsay à Juvisy et Orly, les lignes de la banlieue ouest de Paris alimentées en 750 V continu (Gr. II, III, IV Saint-Lazare, Pont-Cardinet – Auteuil, Puteaux – Issy-Plaine) et la ligne des Invalides, qui sont passées sous caténaires dans les années 70. En province, on en compte une seule, en territoire montagneux, à caractère international, exploitée sous 1,5 kV continu : celle de Chambéry à Modane, dont la conversion s’est achevée en 1976 et dont on célèbre cette année le 40e anniversaire pas précisément dans l’euphorie…
Un ruban de 100 km en pays savoyard
Construite à l’initiative de la Compagnie Victor-Emmanuel avant le rattachement de la Savoie à la France en 1860, cette artère a été mise en service le 20 octobre 1856 de Chambéry à Saint-Jean-de-Maurienne, le 15 mars 1862 de Saint-Jean-de-Maurienne à Saint- Michel et le 16 octobre 1871 de Saint-Michel à Modane, en concomitance avec l’ouverture du grand tunnel transalpin du Fréjus sous la chaîne-frontière avec l’Italie. D’abord exploitée en voie unique par le PLM, elle a reçu progressivement une seconde voie entre 1884 et 1903. Tracée d’abord dans la combe de Savoie entre les Bauges et le Granier, cette artère remonte le cours de l’Isère de Montmélian à Saint-Pierre-d’Albigny, puis celui de l’Arc son affluent au-delà jusqu’à Modane dans un décor de haute montagne. Son tracé, favorable sur les trois quarts du parcours, devient très tortueux à partir de Saint- Jean-de-Maurienne, où débute une sévère rampe en 30 ‰ jusqu’au site de Modane à l’altitude 1 057. Elle comporte un chapelet d’ouvrages dont 20 tunnels et galeries et huit ponts dont l’un sur l’Isère et sept sur l’Arc. Dès l’origine, les aléas climatiques tels qu’amoncellements neigeux avec avalanches, chutes de pierres et rochers, éboulements de terrains, inondations et crues, ont conduit à des interceptions lourdes et à des travaux de protection de la plateforme en altitude et à des déviations de tracés. Deux embranchements ont été créés, l’un de Montmélian vers Grenoble en 1864, l’autre de Saint-Pierre-d’Albigny à Albertville en 1879 prolongé à Moûtiers-Salins en 1893 et à Bourg-Saint-Maurice en 1913.