La desserte des Halles est longtemps restée problématique. Le chemin de fer sur route de l’Arpajonnais va se charger de cette tâche pendant plus de 40 ans assurant en même temps un service de banlieue d’une redoutable efficacité.
Les noctambules parisiens des années 20 le connaissaient bien. Certains attendaient même son passage guettant l’attraction. Le long de l’avenue d’Orléans, du boulevard Saint-Michel ou aux abords des Halles, c’est un étrange convoi poussif et asthmatique qui crachait sans retenue ses noires fumées dans l’air parisien. Le train des Halles, l’Arpajonnais, faisait sa traversée de Paris. Un petit train à vapeur venant du fin fond de la campagne pour décharger sa cargaison de maraîchers en empruntant les rails du tramway. Cet équipage déjà anachronique constituait un spectacle impayable. Il y avait bien quelques grincheux dans les beaux immeubles qui se plaignaient auprès des autorités d’une circulation aussi navrante et déjà polluante. Mais dans l’ensemble, les Parisiens étaient plutôt sensibles au charme de ce tortillard qui approvisionnait la capitale toutes les nuits à partir de 23 h. À l’heure de son remplacement par des camions à la fin des années 30, il y aura même quelques riverains pour regretter sa disparition craignant davantage les nuisances des camions. Il faut dire que pendant près de 44 ans, l’Arpajonnais s’est chargé de l’approvisionnement de Paris, déchargeant ses produits frais au coeur du marché des Halles.
Un métro pour desservir les Halles
Dès le Moyen Âge, les Halles ont trouvé place à Paris aux pieds de l’église Saint-Eustache. Progressivement, le marché s’est organisé pour devenir le point central de l’approvisionnement de la capitale. Mais il faudra attendre le Second Empire et la modernisation de la Ville lumière pour voir les Halles centrales s’établir dans des pavillons d’une grande modernité imaginés par l’architecte Baltard. Pendant encore près d’un siècle, jusqu’à son départ définitif pour Rungis à la fin des années 60, le quartier tout entier va vivre au rythme de ce marché si particulier, le « ventre de Paris » décrit par Zola. Avant même la construction des pavillons Baltard (à partir de 1854), la question de l’approvisionnement et de la desserte de ce marché se pose. Le chemin de fer est tout indiqué pour