La compagnie ferroviaire allemande met à disposition du public ses données gratuitement sur un site depuis novembre 2015 et se tourne désormais vers les utilisateurs pour définir les besoins.
Il aura fallu du temps pour que la Deutsche Bahn (DB) se décide à faire le pas. Il y a encore cinq ans, la compagnie ferroviaire allemande, société publique de droit privé, portait plainte contre une personne qui avait extrait les horaires des trains d’un CD-ROM pour les diff user sur Internet.
Depuis novembre 2015, tout a changé. Les horaires sont disponibles gratuitement sur un portail open data prévu à cet effet (data.deutschebahn.com) dans une version bêta. Et la Deutsche Bahn ne réserve plus seulement ses données à des partenaires exclusifs, notamment Google, à qui elle livrait directement les données. Ces données sont utilisables librement, mises à disposition sous différents formats et gratuites. On y trouve entre autres les horaires grandes lignes (pas encore les trains régionaux), les données sur le fonctionnement des gares, la couverture réseau pour les téléphones portables, ou encore sur le service de locations de vélos (Call a bike). Les informations sur la maintenance des ascenseurs dans les gares permettent ainsi aux handicapés d’utiliser une application pour repérer ceux qui ne fonctionnent pas. Très pratique pour les voyageurs en fauteuil roulant. « La DB aura mis du temps à prendre conscience que l’open data n’était pas une menace mais une chance. L’entreprise publique est maintenant lancée dans cette aventure et elle en profite en termes d’image », constate Arne Semsrott, rédacteur du magazine Netzpolitik. org, le blog allemand de référence sur la défense des libertés sur internet.
Ce virage n’a pas été imposé par le législateur. Le gouvernement allemand a rédigé un projet de loi « open data » mais il ne concerne que ses administrations. Les entreprises, DB comprise, restent maîtres de leurs données. Cette nouvelle « stratégie d’innovations », comme le souligne la compagnie, comprend une ouverture vers les utilisateurs. « La DB a compris qui étaient ses interlocuteurs », insiste Arne Semsrott. Au lieu de s’enfermer dans sa tour d’ivoire, elle s’est ouverte aux différents acteurs de l’internet. Elle a même envoyé ses employés au congrès des hackers du « Chaos Computer Club », une ONG spécialisée dans la sécurité informatique, pour écouter les revendications. Une démarche qui montre clairement que la DB prend désormais l’open data très au sérieux.
La DB organise par ailleurs régulièrement des rencontres nommées « Hackathons » entre les programmeurs, les utilisateurs des données, les start-up et les entreprises pour développer avec ses données de nouveaux logiciels ou des applications. Mi-mai, pour sa septième édition, elle a invité les représentants de la compagnie ferroviaire japonaise JR East pour discuter avec des experts informatiques de l’utilisation des données en temps réel.
Il reste néanmoins encore beaucoup à faire dans le domaine de la transparence. Les données concernant les retards des trains, par exemple, ne sont pas encore disponibles. Quant aux régies communales allemandes, elles sont en retard. « Elles ne se sentent pas préoccupées pas le sujet, constate Arne Semsrott. La technique est là. C’est la volonté qui manque », ajoute-t-il.