De l’Orient-Express au Train Bleu, de la Flèche d’Or au Nord-Express, tous les trains de prestige fondés par Georges Nagelmackers, fondateur de la Compagnie internationale des Wagons-Lits, ont accueilli des rois, des maharadjahs, des aristocrates, des espions, des artistes, des écrivains, des madones des sleepings… Grâce au collectionneur Michel Cozic, une splendide exposition raconte l’histoire de ces trains mythiques jusque dans les moindres détails.
Orient-Express, Train Bleu, Flèche d’Or, Sud-Express, Étoile du Nord, Oiseau Bleu, Pullman… Ces noms prestigieux évoquent les voyages en train de luxe, le raffinement, l’exceptionnel. Ces trains, qui ont permis à une clientèle fortunée de traverser l’Europe dès la fin du XIXe siècle, sont à l’honneur à Clichy (Hauts-de-Seine) dans l’exposition « De l’Orient-Express au Transsibérien, prestige, mystère et volupté », conçue par Michel Cozic, collectionneur passionné et à l’enthousiasme communicatif. Tout autant intarissable sur les trains d’exception est l’écrivain et historien Jean des Cars (Dictionnaire amoureux des trains), qui se qualifie lui-même de « ferrovipathe qui n’a aucune intention de se soigner », une fièvre qui lui a été transmise par son arrière-grand-père. La Vie du Rail a réuni les deux experts pour une visite de l’exposition. Suivez les guides !
Le parcours débute par une superbe photo panoramique en noir et blanc montrant Istanbul et le Bosphore au début du XXe siècle. « Istanbul… Une destination mythique, la porte de l’Asie… Dès 1883, grâce à Georges Nagelmackers, fondateur de la Compagnie internationale des Wagons-Lits, génial créateur de l’Orient-Express, on a pu s’y rendre en train en voyageant confortablement. L’Orient-Express fut le premier train transeuropéen, le premier à abolir les frontières du Vieux Continent », commente Jean des Cars. « Ça a vraiment été le projet de sa vie : mettre sur des rails des trains de luxe traversant l’Europe de part en part, conduisant d’une traite les voyageurs dans toutes les capitales européennes et aux portes de l’Orient et de l’Asie », renchérit Michel Cozic. « Dans les années qui suivirent le lancement de l’Orient-Express, la CIWL a créé de nombreux trains de luxe : le Calais Méditerranée Express (rebaptisé le Train Bleu par ses passagers), la Flèche d’Or, le Paris-Côte belge, l’Oiseau bleu, le Taurus Express, le Nord- Express, le Transsibérien… Mais l’Orient-Express reste le plus emblématique, car il traverse dix pays et relie plusieurs capitales pour rejoindre Istanbul. » Plus loin, une vaste vitrine abrite une série de maquettes au 1/43 : voitures voyageurs, locomotives Pacific 213 E, wagons-restaurants, wagons-lits… La vitrine est chapeautée par trois authentiques blasons de la CIWL, en lettres de bronze sur fond bleu nuit. Au centre de la plaque, deux lions se font face, « une référence aux armoiries du royaume de Belgique, pays natal de Nagelmackers », dit Michel Cozic, avant d’entraîner l’écrivain vers une vitrine dédiée aux arts de la table. Elle abrite de la précieuse vaisselle de Gien, Limoges ou Vierzon, frappée de l’emblème de la CIWL, des services à thé et à café signés Christofle et Ercuis. Les objets exposés illustrent différents styles : Belle Époque, Art nouveau, Art déco. « Magnifiques, ces lampes avec leur abat-jour en soie ! On voit qu’elles sont encore équipées de bougeoirs de secours, car à l’époque, l’électricité est toute récente et parfois capricieuse », s’amuse Jean des Cars.