Deux hommes face à face, figés dans une étreinte dont on ignore la nature. Conflictuelle ou amicale ? Le passant qui découvre cette immense fresque sur la façade de l’immeuble du 85, boulevard Vincent Auriol ne manque pas de se poser quelques questions. C’est d’ailleurs l’intention de Conor Harrington, l’artiste qui l’a réalisé avec le soutien de la RATP dans le cadre de Street Art 13. Lancé fin 2016 par la Mairie du 13e, la galerie Itinérance, basée également dans cet arrondissement du sud de la capitale et l’association APAPUC, une association de promotion de l’art de rue, le projet est de créer un espace d’exposition dans la rue, qui suit le trajet de la ligne 6 du métro parisien, une ligne partiellement aérienne, offrant ainsi aux passagers un point de vue idéal pour découvrir toute la diversité de ces oeuvres monumentales. À terme, ce plus de 50 fresques qui transformeront le paysage urbain de ce coin de Paris. Baptisée Étreinte et Lutte, celle créée par Conor Harrington a été réalisée en mars 2017. L’artiste irlandais basé à Londres prend ainsi une place remarquée dans ce musée pas comme les autres. Cette étrange scène, toute en ambiguïté, a été réalisée grâce à des frottages, des projections et des coulures. L’artiste a confié avoir tenté d’y saisir toute la tension du débat politique, alors que la France s’apprêtait à se choisir un nouveau président.
Il rejoint ainsi la vingtaine d’artistes de rue, qui ont déjà apporté leur pierre à l’édifice. Tristan Eaton, Invader, Inti, David de la Mano, D*Face, C215, Maye, Faile, BTOY, ou Obey : autant de grands noms qui animent, un peu partout sur la planète, cette scène artistique qui a fait de l’espace urbain son terrain d’expérimentation favori. Au coeur de la tendance, les « Street Artistes » ont acquis une visibilité et une notoriété nouvelles, transformant les villes et rompant avec la monotonie des panneaux publicitaires.
Sur la trentaine de fresques déjà visibles, quatorze décorent le boulevard Vincent Auriol (une quinzaine d’autres sont également prévues). Visibles depuis le métro aérien, entre les stations Quai de la Gare et Place d’Italie elles sont visibles de jour comme de nuit grâce à un système d’éclairage alimenté par l’énergie solaire. D’ici deux ans, d’autres fresques verront le jour boulevard Auguste Blanqui et permettront aux usagers de prolonger l’expérience jusqu’à la station Glacière. Du côté de la RATP, c’est une nouvelle preuve du dynamisme de sa politique culturelle. Anaïs Lançon, directrice de la communication et de la marque de la régie s’est félicitée de cette création unique : « Avec ce nouveau partenariat, la RATP réaffirme son engagement en faveur de la culture urbaine. Cette initiative s’inscrit dans une approche plus globale en faveur du Street Art ». Et accessoirement, elle embellit ainsi les trajets du quotidien de ses voyageurs.
Pour en savoir plus : www.streetart13.fr/