Instant de grâce rare pour les usagers de la ligne H du métro de Buenos Aires… Une compagnie, Opera Periférica, a investi une station pour y réaliser une adaptation de La Serva padrona, opéra de 1733 du compositeur italien Giovanni Battista Pergolesi dit Pergolèse. Le chef d’orchestre Pablo Foladori, formé au prestigieux Théâtre Colon de Buenos Aires, est un habitué de ce genre de happening. Avec sa troupe, il a déjà joué dans des hôpitaux psychiatriques, des bidonvilles et se produit aujourd’hui donc même dans le métro de la capitale argentine. Son ambition ? Faire partager sa passion de l’opéra en la partageant dans des lieux où le public n’est pas nécessairement fan d’un genre musical qui passe parfois pour élitiste. Le premier des deux actes est joué dans une première station.
Puis les musiciens s’en vont interpréter le second, sept stations plus loin ! Bref, c’est une représentation itinérante qui se joue ici. À chaque fois, elle dure une vingtaine de minutes,un format court essentiel pour jouer dans ce genre de lieux alternatifs. Certains usagers ne semblent pas prêter attention au miracle musical qui se déroule sous leurs yeux… Par contre, d’autres tombent rapidement sous le charme, envoutés par le lyrisme de cette musique baroque portée par les voix puissantes d’une soprano et d’un baryton et prennent le temps de vivre cette expérience nouvelle. Cette représentation d’un genre nouveau fait partie d’un projet culturel plus large qui prend place dans le métro de la ville, avec notamment l’ouverture de galeries d’art et l’organisation d’événements ponctuels. L’idée étant de transformer le temps passé dans le métro en une occasion de se cultiver et de s’ouvrir à de nouvelles expériences. Une nouvelle politique culturelle plébiscitée semble-t-il par les voyageurs et les habitués du métro de la capitale argentine.