Précieux témoins de l’activité économique française passée et présente, les chemins de fer industriels sont pourtant trop peu souvent abordés par l’édition ferroviaire. Rédigé par Patrick Étiévant, éminent spécialiste de la question, et Bernard Collardey, qui a traité des connexions de ces chemins de fer avec les réseaux nationaux, cet ouvrage, qui vise l’exhaustivité, leur rend un passionnant hommage, région par région, site par site.
Les informations et images présentées dans les pages qui suivent sont inhabituelles et non traditionnelles : ce ne sont pas des trains en ligne, avec la locomotive en tête, cheminée en avant pour les locomotives à vapeur, dans une grande gare ou un paysage renommé et évocateur de vacances, sous un beau soleil avec un ciel nuageux et moutonné, ou encore des locomotives au dépôt ; mais des trains « mineurs » qui ahanent dans leur lieu secret, restreint, limité et confiné, souvent dans les arrière-cours, sous des trémies, sous terre, sous des planchers de coulée, dans des ambiances obscures, parfois poussiéreuses et sales, voire dangereuses du fait des gaz toxiques ou explosifs, des produits chauds ou en fusion qui sont manutentionnés sur des wagons spéciaux. Ainsi, les locomotives et locotracteurs qui sont présentés et illustrés dans cet ouvrage oeuvrent laborieusement, serviteurs obscurs, parfois méprisés et longtemps totalement oubliés. Et pourtant c’est grâce à eux que les matières premières, les produits semi-finis passent de mines en usines et que les produits finis arrivent aux consommateurs finaux en alimentant au passage les flux circulant sur les voies des grands réseaux ferroviaires. Comment vouloir comprendre, par exemple, la logique des flux de marchandises de l’artère Nord-Est, des réseaux de la Lorraine, de Rhône-Alpes, de la Normandie, sans s’intéresser aux besoins et aux productions des différentes usines, mines, ports et industries qui en jalonnent ces axes.
Ces locomotives vont et viennent avec des coupes de wagons, elles poussent, refoulent, tirent, patinent, raclent, renâclent ou stationnent. La machine se trouvant tantôt en tête, en queue, ou parfois au milieu de la rame, ou sur une voie parallèle, quand ce ne sont pas des cabestans ou des treuils qui la suppléent. Les vues proposées reflètent cette réalité et sont donc complètement antinomiques par rapport à l’académisme habituel, parfois monotone et répétitif que nous valent les vues de grands réseaux dans de nombreuses publications. Je remercie ici Didier Leroy et Philippe Feunteun d’avoir su convaincre les Éditions La Vie du Rail de sortir cet ouvrage un peu hors des sentiers battus. […] Pour tous les chemins de fer industriels ayant une interface ou leur origine avec une gare des grands réseaux nationaux, Bernard Collardey a eu la lourde tâche de faire la revue de leur épopée, depuis les origines jusqu’à nos jours, et de montrer comment la localisation des mines et des usines a pu influer sur la construction du réseau français, ou, à l’inverse, la construction d’usines a été déterminée parfois par la possibilité des débouchés ferroviaires, et comment ces mêmes mines et usines ont vu leur prospérité arriver grâce à leur raccordement au réseau général. Bernard Collardey passe en revue l’histoire passionnante des différents bassins industriels français et retrace avec une très grande précision les dates et lieux de leur création, leur développement, mais aussi leurs heurts et malheurs à l’occasion des conflits ou de la régression économique. […]
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